Isis, 13 ans, 1,60m, 82 kilos

Isis, 13 ans, 1,60m, 82 kilos
Auteur

Sophie RIGAL-GOULARD

Editeur

Rageot – 2016

Isis a décidé d’écrire à son père. Elle ne le connaît pas mais a réussi à obtenir son adresse. Elle veut lui confier qui elle est aujourd’hui. Car si Isis porte le prénom d’une reine, ses surnoms au collège sont lourds à porter : Big Mamma, Grosse Dondon… Isis a trente kilos en trop. Mais peu à peu, Malika son amie et un club de théâtre vont changer sa façon de se voir et de se montrer…

Mots-clés : différence, harcèlement, lecture-écriture

Présentation générale

Isis est une adolescente mal dans sa peau. Ses relations avec sa mère sont tendues et elle ne connaît pas son père. Son physique est une gêne pour s’intégrer parmi ses camarades de classe. Elle a une très bonne amie mais elle vit des tensions terribles au collège. Heureusement Isis écrit, lit, joue du théâtre. Elle va pouvoir sublimer ses difficultés pour avancer dans sa vie en acceptant ses différences.

Notre analyse

Isis, 13ans, 1,60m, 82 kilos est original dans sa forme. Outre le titre, le premier chapitre apporte toutes les indications nécessaires pour comprendre les enjeux du récit. Isis, la narratrice, explique d’emblée son approche de l’écriture : elle cherche à entrer en contact avec son père qu’elle ne connaît pas, elle a décidé de lui parler d’elle. Elle lui écrit des lettres car elle n’a trouvé que son adresse postale. Isis a 13 ans, elle est mal dans sa peau («Journée pourrie comme d’habitude » p 9). Elle est à la recherche de ses origines pour se construire. Elle évoque rapidement son problème de surpoids avec un humour qui touche à la dérision (« si tu me voyais en maillot tu comprendrais… » p7, « ces lettres m’enlèveront un poids »p10).

Le ton des lettres est très juste, les mots sont bien choisis, les effets de surprise (les réponses du père, la nature de Salomé..) donnent du rythme à la lecture. Le récit qui amène à la re-création de cette jeune fille trop grosse, trop seule, en mal de communication est bien monté. Cependant le foisonnement de difficultés que doit surmonter Isis pourrait perdre le lecteur. Isis est en surpoids, Isis ne connaît pas son père, Isis est harcelée, Isis est isolée, le père n’existe pas, la mère veut aider sa fille mais ne sait comment faire…. Les lecteurs les plus jeunes auront peut-être quelques difficultés à appréhender toutes ces complications, les plus âgés seront plus facilement en empathie avec Isis.

Les personnages sont attachants car très humains. La mère d’Isis est maladroite, sans le vouloir.
Isis connaît des hauts et des bas qu’elle exprime avec justesse. L’image des femmes est très prégnante. C’est la solidarité féminine qui permettra à Isis de trouver un début d’issue à son mal-être. On notera d’ailleurs qu’il y a très peu d’images d’hommes dans ce roman. De plus les figures masculines sont toutes négatives. Le père est parti avant la naissance de sa fille, les différents amants de la mère sont tous inintéressants, les garçons sont des harceleurs… Il est possible que les lecteurs garçons se retrouvent peu dans ce récit très féminin.
Le théâtre, notamment la sensibilité d’Isis au personnage de Chimène, est une clé un peu rapide pour tirer Isis de son état de détresse. Mais le récit a le mérite de ne pas survoler le problème du surpoids.
La fin n’est pas un hymne à la volonté et aux régimes divers. Il est plutôt question de prendre conscience d’une difficulté liée à la personne, à son environnement, à son relationnel. La résolution du problème d’Isis rend compte de la nécessité, à certains moments de la vie, de rompre avec le quotidien pour mieux se connaître.

Pour accompagner les enfants dans leur lecture

Des lectures magistrales aideront certainement les lecteurs à entrer dans l’histoire, à avoir envie d’en savoir un peu plus sur le personnage attachant d’Isis. Elles pourront également ouvrir sur des échanges qui touchent de nombreux sujets d’Education Morale et Civique (la moquerie, le harcèlement, les mots qui blessent… ).
Dans un genre théâtral, Le journal de Grosse Patate de Dominique Richard raconte également l’histoire d’une jeune fille qui aime manger.