Les concombres du roi

Les concombres du roi
Auteur

Evelyne BRISOU-PELLEN

Illustratrice

Judith GUEYFIER

Editeur

Belin Jeunesse – 2014

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Il était une fois, à Angkor, un roi abominablement gourmand qui mangeait tout le temps. Il voulait les plus grands jardiniers pour avoir les fruits les plus savoureux, les légumes les plus fondants. Le meilleur jardinier du palais était Trasak. Mais comme il s’occupait des fleurs, et que les fleurs ne se mangent pas, le roi ne s’intéressait pas à lui. Trasak vivait donc paisiblement, jusqu’au jour où il rencontra Indra, la fille du roi.

Mots-clés : Asie, pouvoiramour, domination-pouvoir

CATEGORIE 9/10/11 ANS – Conte – JJL 2016

Approche générale

Les concombres du roi est un conte traditionnel. Il a déjà été édité plusieurs fois aux éditions Bayard dans la collection J’aime lire en 1991 et 1997. Ici le récit apparaît dans un format géant ou presque. Outre la qualité de l’écriture c’est l’album en tant que tel qui séduit avec ses grandes illustrations aux couleurs vives qui entraînent le lecteur dans un monde exotique.

L’histoire

Le récit est classique avec un personnage tyrannique opposant, une fille à marier et un jeune homme humble mais non sans qualité. Le motif du jardin et de la culture des fruits est un motif classique du conte même en Europe. Le cultivateur de concombre semble appartenir à une croyance indochinoise ancestrale qui voudrait que les hommes soient sortis de graines de cucurbitacées. Sur le site http://vorasith.online.fr/cambodge/rel/concomb.htm Jérôme Rouer évoque un conte des origines cambodgien qui reprend l’adoration d’un roi pour les concombres, sa confiance envers celui qui doit le ravitailler en concombres et sa mort dans les mêmes circonstances que celles du livre. L’homme aux concombres serait monté sur le trône sur insistance des serviteurs royaux et se serait installé à Angkor.

Les illustrations

Les illustrations sont prégnantes lorsque l’on feuillette l’album. La technique illustrative est une peinture certainement acrylique, sans recherche d’effet ou de relief. De larges surfaces colorées émaillent les différents tableaux ornés parfois de détails en aplat. Les couleurs sont vives qu’elles soient chaudes ou froides.

Des personnages plus ou moins secondaires apparaissent à chaque double page, la végétation est toujours présente, le plus souvent représentée de façon luxuriante. Différents détails de la culture cambodgienne sont présents comme les temples ou les têtes sur la muraille du palais.

A y regarder de plus près, les illustrations posent néanmoins différentes questions. Les grands aplats parfois disproportionnés peuvent déranger la lecture de l’image (la piscine dans laquelle se baigne l’éléphant, l’éléphant lui-même à l’avant-dernière page). Le manque de perspective, les disproportions ajoutées au choix des couleurs font parfois penser à un style naïf (cf le douanier Rousseau,) peu asiatique (l’arrivée d’Indra dans le jardin, le vol des concombres). Les détails en lien avec le végétal correspondent peu aux motifs des costumes cambodgiens.

La mise en page surtout interroge : pourquoi le texte est-il toujours cantonné sur la page de gauche ? Pourquoi n’y a-t-il aucune recherche en matière de typographie ? Des espaces blancs ne sont pas exploités, pourquoi ?

Sur son blog, Judith Gueyfier, l’illustratrice, explique son parcours, sa motivation, ses techniques de travail. Elle propose également quelques photos de son travail spécifique sur Les concombres du roi.
http://judithgueyfier.over-blog.com/les-concombres-du-roi-album-cambodgien

Pour accompagner les enfants dans leur lecture.

Le conte est facile à comprendre. On pourra seulement s’interroger sur le rôle de la princesse qui prend des risques pour retrouver Trasak, qui se blesse pour sauver le jardinier et qui, pour toute récompense, n’a pas son mot à dire quand il est question de mariage. En effet le mariage est imposé (« il doit épouser la fille du roi précédent »). Même si tout finit bien, l’avis de la princesse aurait pu être pris en compte.