Présentation générale :

Silas, jeune collégien solitaire, a l’impression de ne pas exister dans sa famille de pêcheurs silencieuse. Il a des choses à prouver et surtout à se prouver. Il voudrait exister dans les yeux de son père. Alors, il propose une sortie en mer pour resserrer les liens et montrer qui il est vraiment. Un événement inattendu va lui permettre de retrouver sa place dans la famille.

Nos commentaires

A l’âge du collège, Silas ressent qu’il est différent du milieu dans lequel il vit. Il n’aime pas la mer comme son frère qui veut devenir marin, il n’a pas d’intérêt dans ce milieu-là dans lequel travaillent ses parents. Il préfère la technologie et les vieux postes de radio trouvés dans son grenier qu’il passe des heures à réparer. Il voudrait réduire la distance entre les attentes parentales et ses désirs et surtout trouver sa place dans la famille.

On sent tout de suite l’ambiance tendue entre le père et le fils sur le bateau : peu de paroles, les moqueries du père envers son fils malade, les remarques qu’il fait sur sa maladresse et son incompétence, le manque d’attention qu’il lui porte et l’angoisse du père quand le brouillard arrive. Et le fils qui « encaisse » tout sans rien dire car il se sent humilié, inutile et désespéré.

A partir de l’échouage du bateau sur des hauts-fonds, les rôles vont pourtant s’inverser : le père blessé et immobilisé ne pourra plus rien faire et c’est le fils qui va prendre les choses en mains : appeler les secours grâce à ses connaissances en radio, rassurer et protéger son père, chanter pour faire passer l’attente…

Alors qu’il n’attendait plus rien de cette journée, Silas va pouvoir montrer à son père qui il est vraiment, comment il sait gérer une situation de crise et combien il a grandi.

La fin permettra au père de reconnaître les qualités dont son fils a fait preuve et comprendra enfin sa passion. Silas retrouvera la fierté de son père, ce qui permettra de retrouver une relation saine. Ce sera aussi l’occasion de mettre au jour un secret de famille lourd à porter sur la mort du grand-père qui a péri en mer.

Dans ce récit très court, Cathy Ytak a su traduire une ambiance pesante par des non-dits. Le texte est rapide, les personnages attachants, le suspens bien mené. L’histoire devient très émouvante au fil des événements et permettra d’ouvrir sur des échanges autour des malentendus qui peuvent se créer dans les familles.

Sur son blog, , l’autrice, Cathy Ytak nous donne quelques éléments sur la genèse de cet ouvrage:

Il y a des textes qui voyagent, chavirent, se perdent et se retrouvent…
Des textes qui n’ont pas un chemin facile… et c’est le cas de “Perdus en mer”.
D’abord prévu pour une revue (qui me l’a refusé parce que le personnage était “trop vieux” pour eux), puis proposé chez Syros qui l’a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme…à condition que je le réduise d’un tiers, pour qu’il puisse “entrer” dans la collection des “Mini Syros” !
A ce niveau-là, il fallait quasiment réécrire le texte et faire son deuil de l’ancienne version…
Si j’ai accepté, c’est que j’aime bien travailler avec l’équipe des éditions Syros (merci Stéphanie, Sandrine, Anna !), et que j’avais envie que cette histoire soit publiée.
Toute simple histoire d’un enfant qui a envie de grandir aux yeux de son père, quitte à braver ce qui pour lui n’est pas un milieu familier.
Toute simple histoire où l’adulte a soudain besoin de l’enfant pour s’en sortir.
Toute simple histoire de deux personnes qui se découvrent sous un autre jour, et finissent par s’apprécier, avec leurs différences et leurs richesses…
Toute simple histoire de ces marins de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) qui n’hésitent pas à risquer leur vie, bénévolement, pour en sauver d’autres…

Pour accompagner la lecture

Le lexique employé est très spécifique au milieu marin et nécessitera d être expliqué pour les plus jeunes : chalutiers, caseyeurs, faisceaux intermittents du phare, remonter les lignes, utiliser des leurres….

Il faudra aussi aider les enfants à faire des inférences pour comprendre les caractères de chacun :

Silas remarque le sourire grandissant sur le visage de son père si souvent taciturne…(p 12)
Il [Silas] passe des heures tout seul dans la poussière du grenier, à lire de vieux modes d’emploi d’appareils électriques…On dirait qu’il refuse de respirer l’air du large…(p 6)
Il [Silas] sent l’énervement de son père…(p18)
Des goélands et des oiseaux de mer que Silas n’a jamais vus : des fous de Bassan. Yannick devient volubile…(p18)
…etc…

Notre avis

Voilà un récit de vie bien adapté aux petits lecteurs, simple mais pas simpliste, avec ce qu’il faut de drame et d’émotions, un contenu sérieux mais accessible et une fin optimiste.
Une occasion de découvrir le monde des travailleurs de la mer à travers les yeux d’un enfant.

Mise en ligne en mars 2021