Ööfrreut la chouette
Auteure | Cécile Roumiguière |
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Illustratrice | Clémence Monnet |
Editeur | Seuil jeunesse – 2020 |
Ööfrreut la chouette règne sur la nuit et la forêt.
Quand une petite d’humains pénètre dans son royaume, Ööfrreut est intriguée. Cette enfant aime la nuit, comme elle, et elle est bien seule, elle aussi…
Mais elle ne connaît pas les dangers qui la guettent. Au cœur de la nature et de la nuit, une histoire d’amitié inattendue entre deux êtres solitaires.
Présentation générale
Une chouette raconte une rencontre avec une enfant qui vient sur son territoire. Elle commente avec son vocabulaire d’oiseau ce qu’elle perçoit et comprend de la vie de la fillette. Elle est d’autant plus intriguée que cette enfant est solitaire et sort la nuit. Et donc la suit pour analyser ce qu’elle fait.
Grâce à cette proximité, l’arrivée soudaine d’un animal sauvage qui a senti une présence humaine et poursuit l’enfant sera maîtrisée par la chouette. Celle-ci évitera un accident et reconduira l’enfant chez elle.
Nos commentaires
C’est un joli album dans lequel l’écriture belle et raffinée est très bien accompagnée par des illustrations douces faites de tracés simples, de jeux de lumières, de tâches colorées qui illuminent la nuit ou de transparences douces qui permettent d’apprivoiser ce moment.
Le récit utilise une langue soutenue mais accessible aux jeunes lecteurs avec un vocabulaire spécifique à la forêt qu’il faudra néanmoins leur expliquer comme le nom des arbres, des plantes ou des animaux. La principale difficulté réside dans le narrateur qui est la chouette. Elle commente donc avec ses références d’oiseau. Elle parle ainsi de « dernière de la couvée » pour le dernier de la fratrie, calcule « il y a deux couvées » pour parler du temps qui passe, de « patte » à la place de jambe…Elle interprète aussi ce qu’elle voit quand elle ne le connait pas. Les torches deviennent des « bâtonnets lumineux », les bottes des « coquilles rouges », les larmes de « l’eau salée »…Et l’anniversaire un rite pour marquer une nouvelle indépendance, celle d’aller seule se promener.
Une fois le locuteur bien identifié, le récit peut se déployer doucement dans une relation d’amitié qui va se nouer au fil des événements. La fillette découvre la forêt, la nuit, seule. Elle respecte la nature, s’enivre des odeurs, des sensations et des bruits qu’elle perçoit, cherche à entrer en communication avec le peuple de la nuit.
La chouette attend ses visites, joue de ses cris et de sa présence, commente ses attitudes et ses réactions. C’est une amitié silencieuse et réciproque qui se développe doucement faite de curiosité et de respect mutuels. Jusqu’à ce que l’inattendu arrive et qu’elle prenne à cœur le rôle qu’elle s’est assigné de protecteur de l’enfant. L’événement rompt le rythme, accélère l’histoire, crée un suspens qui peut effrayer le lecteur, mettre l’oiseau et l’enfant en danger. La fillette est perdue mais la chouette veille et une fin apaisée et rassurante vient calmer les peurs.
Notre avis
C’est un joli récit initiatique dans lequel l’enfant est autorisée à se promener seule, en responsabilité et dans la nuit. C’est une déambulation tranquille et riche de découvertes. Les parents disparaissent vite du récit pour laisser toute la place aux deux personnages les plus importants et développer leurs relations. C’est une ode à la confiance, un bel hymne à la nuit, une image calmement féministe. Un bel album qui peut donner envie de s’aventurer dans la nature et d’y découvrir ses richesses.
D’autres albums …
Ce livre peut faire penser à Un grand jour de rien de Beatrice Alemagna (découverte sensorielle de la nature), à Loup Noir d’Antoine Guillopé (protection d’un animal sur une enfant) ou encore à Le petit humain d’Alain Serres (découverte d’un humain par des animaux)