Quelque chose de grand
| Auteur | Sylvie Neeman |
|---|---|
| Illustratrice | Ingrid Godon |
| Editeur | La joie de lire – 2012 |
Un petit et un grand dialoguent. Le petit aimerait faire quelque chose de grand mais pas grand comme une montagne, « c’est tout de même trop grand », pas grand comme un éléphant, « c’est trop gris », pas grand comme une tour ou une maison, mais grand comme un phare avec de la mer et de la lumière « mais pas tout à fait quand même ». Le grand propose alors au petit une promenade en bord de mer, histoire de réfléchir.
Un dialogue savoureux où le petit peine à exprimer clairement ce qu’il aimerait et où le grand tente de deviner ses désirs. La plume poétique de Sylvie Neeman et les illustrations douces d’Ingrid Godon font merveille. La tendresse entre les deux personnages est palpable. Une réflexion sur la grandeur de nos actes qui réside parfois dans nos plus petites actions faites sans vraiment y penser…
Mots-clés : relation adultes-enfants
Présentation
Sur le contenu du livre, tout est dit dans la belle présentation de l’éditeur (c’est rare !).
Sur les échanges entre l’enfant et l’adulte, la tendresse, l’aspiration à faire quelque chose qui soit reconnu, les deux auteures se sont extrêmement bien complétées dans la délicatesse des mots et des traits.
C’est une belle réussite pour un album vers lequel les enfants n’iront pas d’eux-mêmes mais qui vaut le coup d’être partagé.
Notre analyse
Cet album tout à fait original fait appel au sensible. Il ne s’agit ni d’un récit de vie ni d’un conte philosophique mais plutôt d’une quête existentielle. Qu’est-ce que « grand » ? Pourquoi est-ce important ? Pourquoi a-t-on besoin de marquer son existence ?
Le « petit » ressent le besoin de reconnaissance, de valorisation, de dépassement. Mais l’expression de ce besoin ne peut être réellement quantifiable. La double page qui succède à la comparaison au phare est importante dans la mesure où, à sa manière, le petit exprime sa quête en réfutant une matérialisation quelconque. On pourra également noter l’opposition entre les comparaisons (grand comme les montagnes, le soleil, la mer…) de l’action qui est réalisée (un petit poisson dans une petit flaque d’eau) ; cela peut permettre de comprendre que ce n’est pas la dimension qui donne l’importance mais la façon de faire pour laisser une trace, être reconnu.
Les illustrations de l’album ne sont pas une aide à la compréhension. Elles participent à la quête en simplifiant les représentations mais en superposant les traits et en laissant de nombreuses transparences.
Pour accompagner la lecture
Le fonctionnement métaphorique du récit peut être rapproché de l’album Devine combien je t’aime de Sam Mc Bratney destiné aux plus petits mais qui montre comme il est difficile de donner une mesure au sentiment, au besoin.
L’interrogation sur le rôle et le temps de faire de chacun peut être rapprochée du conte Les trois questions qui met en valeur l’opportunité d’agir au mieux selon les circonstances.( http://fr.wikisource.org/wiki/Trois_Questions)
On pourra également rapprocher l’album, au niveau de l’ambiance générale de bord de mer mouvant et calme qui joue entre horizontalité et verticale l’album, Qu’est-ce que tu vois ? de Stéphane Sénégas aux Editions Kaléidoscope (2011).
Les échanges autour de cet album peuvent déboucher sur des débats philosophiques comme la collection « Les goûters philo » de Brigitte Labbé aux Editions Milan y incite les jeunes enfants.