Rêveur

Rêveur
Auteur-illustrateur

Mark Janssen

Editeur

Kaléidoscope – 2023

Aron est un petit garçon rêveur. Il ne se reconnaît guère dans les aspirations et les façons de faire de ses camarades. Un après-midi, après l’école, Aron et son papa vont se promener. Commence alors une discussion tendre sur la sensibilité et le potentiel de chacun.

« On a tous quelque chose à apporter au monde. »

Mots-clés : relations adultes-enfants, émotions

Présentation générale

Après l’école, Aron et son papa vont marcher en forêt. Aron semble préoccupé par une question de la maîtresse qui lui a demandé ce qu’il voudrait faire plus tard. Alors que ses camarades ont donné toutes sortes de propositions, lui ne sait pas ce qu’il veut faire.
Son père cherche alors à l’aider en lui expliquant que bien que les enfants soient tous égaux, ils sont aussi tous différents : certains sont des PENSEURS, ceux qui aiment résoudre des problèmes, d’autres sont des FAISEURS qui ne restent jamais en place et enfin d’autres sont hyper-sensibles, ceux qui perçoivent le monde autrement et en saisissent la musique, les mouvements ou les histoires qu’il porte. Sans le nommer, il laisse penser que Aron se situe dans ce groupe mais insiste sur le fait que chacun doit apporter au monde une partie de ces trois façons d’être et que c’est la vie qui lui montrera quelle partie de lui-même s’exprime le plus fortement.

Nos commentaires

A partir d’une question « classique » que les enseignants ou les proches peuvent poser à un enfant, Mark Janssen aborde un problème philosophique à sa hauteur: quelle est ma place dans ce monde ?

Certains enfants comme Aron comprennent en se comparant aux autres qu’ils ne lui ressemblent pas et plutôt que chercher à imiter leurs camarades, ils essaient de comprendre pourquoi ils ressentent une telle différence.

Le père d’Aron est plein d’amour pour son fils, de respect aussi dans ce qu’il est, et cherche à lui expliquer quelle est sa propre richesse en valorisant son hyper sensibilité.
Absorbé par les paroles de son père, Aron n’entend plus ce qu’il lui dit car il est parti dans son imaginaire. Ce qui donne l’occasion à son père de le qualifier de REVEUR.

Cette catégorisation du monde en trois parties, ceux qui pensent, ceux qui font et ceux qui rendent le monde plus beau peut paraître simpliste mais elle permet à l’enfant de s’autoriser à être ce qui n’est pas formel, comme un métier non établi ou une personne très singulière. Cela montre le besoin d’imaginaire de certains et l’importance que cela a pour échapper au réel et comprendre que chacun peut apporter quelque chose au groupe.

Ce moment d’échanges entre le père et le fils, en pleine nature, est plein de délicatesse, de tendresse et d’écoute. C’est pour l’enfant la possibilité de parler, de réfléchir pour mieux se projeter et se situer parmi ses pairs. C’est une façon de faire tomber la pression sociale ou scolaire, de penser l’avenir même à un âge très jeune, ce qui permettra aussi à de jeunes lecteurs de se reconnaître dans ce héros et d’éviter de s’angoisser inutilement. Cela aidera chacun à chercher ses points forts dans ses différences.

Le choix de l’auteur de situer ces échanges dans la forêt donne une dimension encore plus grande à leur réflexion. Sans que cela soit dit, la forêt apparaît comme un écho à leurs paroles : les arbres sont-ils tous identiques ici ? Les couleurs toutes les mêmes ? Les animaux se ressemblent-ils ? Qu’est-ce qui fait que ce milieu semble en harmonie avec toutes ces différences ?

Bercé par cet environnement et les paroles rassurantes de son père, Aron va mettre en route son imagination, appuyée par des illustrations magnifiques qui s’impriment au fur et à mesure de la promenade en prenant à chaque page une dimension plus importante. Les dessins s’enchevêtrent, envahissent l’espace. De transparents, ils deviennent peu à peu colorés et s’accompagnent d’onomatopées libératoires comme des cris de vainqueurs. Ils se retrouvent entre eux autour de l’enfant qui crée son propre monde et se projette dans ces êtres aussi particuliers que lui. C’est une façon aussi de revaloriser la dimension artistique souvent mal considérée dans les apprentissages.

Ce passage fantastique s’articule avec le cadre de cette séquence familiale qui se déroule dans une magnifique forêt américaine ou canadienne. L’auteur crée un univers très coloré faisant penser à la période de l’été indien qui illumine l’environnement sur des doubles-pages qui replacent l’homme, dans la nature, à sa place. C’est pour le père comme le fils un voyage intérieur qui se déroule au fil de cette promenade, une réflexion qui se construit en s’appuyant sur ce qui les entoure, une recherche de soi-même et une prise de confiance en soi.

Aron s’est évadé par la pensée, Aron est rassuré par son papa. « La nature se dessine sous mes yeux à grands traits ». Il est « un fameux, un extraordinaire, un incroyable REVEUR ! »

L’épilogue apparaît alors sur la troisième de couverture en une longue liste de REVEURS célèbres comportant des écrivains, des poètes, des peintres, des cinéastes, des politiciens, des scientifiques, des musiciens…
« Toutes ces REVEUSES et tous ces REVEURS célèbres ont accompli de grandes choses. Ils ont commencé par rêver de petits rêves et par réaliser des prouesses certes encore minuscules mais déjà très spéciales. Et tu sais quoi ? Peut-être que toi aussi, tu es comme ça ! Et c’est ce qui fait de toi une personne si singulière ! »

Notre avis

Album qui apporte du calme, de la beauté en même temps que de l’écoute et de la bienveillance, Rêveur propose au lecteur de se poser, de se parler et de se chercher. C’est un hommage à la différence et à l’hypersensibilité pour comprendre tous ceux qui sont singuliers mais ont quelque chose à partager. Chacun doit cultiver ses rêves et ses passions.

C’est un livre à partager pour déguster l’histoire d’Aron mais aussi ses merveilleuses illustrations et le message qu’il porte.

Pour aller plus loin

Un récent livre coup de coeur !