Un toit, deux mois

Un toit, deux mois
Auteure

Sandra Le Guen

Illustratrice

Laura Giraud

Editeur

Kilowatt – 2023

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L’école est fermée pour une durée indéterminée. Pour Rachel, le confinement est synonyme de séparation. Ses parents sont divorcés, son père travaille à l’hôpital. Rachel doit donc rester chez sa mère. Difficile pour chacun de trouver sa place dans cette famille « recomposée » !
Mais avant de partir, la maîtresse a demandé à chaque élève d’écrire à un camarade désigné. Rachel, après un moment de flottement devant le nom d’Abel, découvre le plaisir d’écrire, de se raconter par lettres, et de s’y dévoiler auprès de ce nouvel ami inattendu. De quoi passer un confinement plein de rebondissements !

mots-clés : amitié, liberté

 

Présentation générale

Le premier confinement contre le virus de la Covid 19 vient d’être décrété. C’est une nouvelle vie qui commence pour Rachel, élève de CM2 et fille de parents divorcés pour une durée au départ non déterminée dans le temps. Entre le bouleversement que cela va créer dans le rythme familial et dans les activités scolaires, c’est aussi d’autres relations qui vont être à inventer avec son père, soignant à l’hôpital qu’elle ne va pas voir tout ce temps, avec ses amis de classe et avec le temps qui ne se déroule plus tout à fait à la même vitesse.
Mais ce sera aussi pour elle l’occasion de se découvrir elle-même et de réfléchir à la façon de communiquer autrement que par la parole ainsi que sur un autre rapport au temps et à l’espace.

Nos commentaires

Ce petit roman destiné aux jeunes lecteurs fait partie de la collection Kapoche qui propose des récits simples mais bien construits, faciles à lire et également maintenant proposés en police « Andika » qui est particulièrement adaptée aux enfants « dys » et aux petits lecteurs. La présentation est aérée, accompagnée d’illustrations qui aident à la compréhension et colorient les pages. Le texte est séparé en courts chapitres qui ne découragent pas le lecteur.

Le récit en lui-même prend le point de vue de Sandra qui parlera en « je » tout au long du roman. Elle va découvrir peu à peu l’impact de ce confinement sur sa vie et aura du mal à s’y adapter.
Les premiers changements à apparaître sont ceux de la maison : il faut apprendre à vivre tous ensemble, les parents en télétravail, les enfants avec les écrans et les demi-frères et sœurs qu’ils ne voient d’habitude qu’une semaine sur deux. Il lui faut aussi accepter de ne pas voir son père durant tout ce temps puisqu’il travaille à l’hôpital, zone « dangereuse » durant cette période. Son équilibre familial est totalement bouleversé et sa vie scolaire va prendre un autre visage.

Rapidement, des problèmes vont surgir : la cohabitation à six toute la journée n’est pas facilement vivable, le jardin est petit et surtout vide de copains, le temps s’étire dans l’ennui et la lecture… Les ressentis de l’enfant sont très bien exprimés entre la peur de l’inconnu, l’envie de pleurer, l’anxiété pour son père qui est « au front », l’angoisse des décès annoncés quotidiennement à la radio, l’impression de vivre perpétuellement enfermée et une lourdeur qui lui ôte l’insouciance de sa vie d’enfant.

Heureusement, son enseignante lui a donné un travail très spécial : établir une correspondance avec un autre élève. Même si elle connaît peu celui qui lui a été désigné comme correspondant et n’a pas vraiment envie de lui écrire, ce sera une fenêtre ouverte sur l’ailleurs qui lui permettra d’élargir son horizon. Elle va prendre le temps de lui écrire de belles lettres, de lui faire des surprises et de recevoir de sa part des actions à faire : planter des tomates, élever des phasmes. Un regain de plaisir arrive avec cette activité, comme si la vie redevenait un peu normale dans ces parenthèses. Cette correspondance va la tenir jusqu’au bout de l’isolement en lui apprenant à attendre, à découvrir l’autre, à garder le moral et à comprendre que tout ce qui lui manque est aussi ce qui fait le sel de la vie : rire, partager, discuter, jouer, faire des projets…

Notre avis

Choisir de baser un récit de jeunesse lors du premier confinement de l’épidémie de la Covid 19 est une bonne idée car cela permet de se remémorer ces temps un peu suspendus que nous avons, comme adultes, pas toujours bien vécus et qui, ici, se mettent à la hauteur d’enfants. C’est donc à la fois un témoignage, parmi de nombreux autres points de vue qui peuvent s’exprimer sur ces circonstances et une page d’Histoire qui restera sûrement à raconter à d’autres enfants dans quelques années.

Tout ce qui a entravé nos libertés est pointé au long de ce récit : le masque, le gel, la distanciation sociale, les sorties avec autorisation, le périmètre de déplacements possibles, les commerces fermés mais aussi les bons côtés comme les applaudissements aux soignants le soir, l’autonomie dans la gestion des cours ou des activités, la souplesse du temps à la maison, les moments communs autour de jeux en famille.

Ce livre facile à lire sera sûrement un déclencheur pour faire échanger les enfants sur cette période et réfléchir sur ce qu’a permis cette période, du côté sanitaire comme socialement.

Pour aller plus loin

24 témoignages amusants pour illustrer le regard touchant et drôle des enfants sur l’isolement en famille.

Pour toi, le confinement c'était comment ? - 1