Grand Ours et Petit Ours vont à la pêche

Auteure | Amy Hest |
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Illustratrice | Erin Stead |
Traductrices | Ilona Mayer et Caroline Drouault |
Editeur | Edition Les éléphants – 2024 |
UN JOUR, Grand Ours dit à Petit Ours :
– Je suis d’humeur à aller à la pêche
– Moi aussi, dit Petit Ours. Tout pareil.
Mots-clés : émotions, relation adultes-enfants
Présentation de l’éditeur
Une maigre pêche pour une journée parfaite.
Aujourd’hui, c’est jour de pêche ! Grand Ours et Petit Ours enfilent larges pantalons et grosses bottes, cuisinent de petits gâteaux aux myrtilles et emportent un grand livre d’histoires avec eux. Ils se dirigent vers le lac, embarquent sur le bateau, sortent leurs cannes à pêche et attendent patiemment. Mais la grosse voix de Grand Ours fait fuir les poissons dès qu’ils approchent… Aucun ne mord à l’hameçon. Les deux ours se laissent alors bercer par les remous du lac, mangeant leurs gâteaux en se lisant des histoires, dans le calme et l’oisiveté d’une douce après-midi d’été.
Notre présentation
Un Grand ours et un Petit Ours (qu’on assimile facilement à un père et son fils bien que ce ne soit pas si important) ont envie d’aller à la pêche. Alors ils se préparent, ils grimpent sur une petite embarcation et ils attendent. Des poissons tournent autour d’eux mais ils n’en attrapent aucun. Ouf ! Et ils rentrent, fatigués, heureux de retrouver leur hamac pour faire la sieste.
Aucun enjeu dans ce récit, aucune recherche de performance. Juste le bonheur d’être ensemble, de faire ensemble, de vivre ensemble. C’est une journée ordinaire pour des moments extraordinaires.
Nos commentaires
Le choix de la pêche comme activité partagée correspond tout à fait à l’objet du livre. Il s’agit de se plonger dans une histoire calme qui donne le temps de se poser et d’attendre. Les ours comme les lecteurs finiront par voir un poisson. Enfin ! Mais le poisson disparait. En réalité, sa prise n’est pas une fin en soi. D’autres plaisirs participent au bonheur de la relation entre Grand Ours et Petit Ours. La pêche n’est qu’un prétexte. On se demande d’ailleurs s’ils ont tellement envie de partir au vu de leurs préparatifs. Tout d’abord ils s’habillent, tout pareil ! Le même pantalon de pêche bleu, le même ciré jaune, les mêmes bottes. Il y a du mimétisme entre les deux personnages. Ensuite ils vont chercher leur canne mais ensuite ils réfléchissent à la nécessité d’emporter un goûter. Ils décident alors d’aller cueillir des myrtilles pour confectionner des gâteaux et les déposer dans un petit panier pour Petit Ours et dans un Grand Panier pour Grand Ours. Evidemment tous ces préparatifs prennent un certain temps. Mais ce n’est pas tout. Après l’habillage, la recherche des cannes et la préparation culinaire Grand Ours annonce qu’il manque encore un support pour assouvir leur besoin d’histoires. Cette fois un seul livre suffit, « un grand livre vert ». Tout se passe comme si les deux ours cherchaient à décaler leur départ. Il est même possible de penser, au fil de ces préparatifs, que les ours ne partiront jamais.
Le récit n’est émaillé par aucun élément dramatique ou humoristique. La succession des évènements se déroule au gré des envies de Grand Ours, Petit Ours disant « oui » à tout ou plus exactement : « oh oui ! » ou bien encore « Moi aussi. Tout pareil. » Leur relation est vraiment attendrissante. Grand Ours n’impose rien, il suggère seulement. Et Petit Ours est toujours partant et enthousiaste. Grand Ours insuffle, conduit, protège. Petit Ours suit, imite, admire. C’est une relation idyllique entre un adulte et un enfant qui s’aiment et se respectent, sans recherche de contradiction ou d’opposition. On notera cependant que Petit Ours peut être beaucoup plus responsable que son ainé quand il est question d’interpeler les poissons du lac, lui n’oublie pas de chuchoter. Ces deux ours, calme et sécurisants, font penser aux ours en peluche de l’enfance. Non seulement, ils ne font pas peur, mais ils semblent si doux, si attentionnés qu’on a plutôt envie de se blottir contre eux que de les craindre.
L’écriture est adaptée aux jeunes enfants. Les phrases sont simples et courtes, elles sont parfois juste nominales pour faciliter la compréhension. L’expression « Enfin presque. » marque la longueur des préparatifs, « En route ! » est le signal du départ, « Soudain, un mouvement dans l’eau ! » annonce l’apparition du poisson. Tout est fait pour apporter des marqueurs simples tant sur le plan chronologique que sur le plan émotionnel. De nombreux dialogues donnent corps aux personnages dans des redondances plaisantes à lire à haute voix. Le lecteur peut facilement participer à cette journée de pêche en écoutant un adulte jouer oralement les différentes scènes du livre. On peut même imaginer de nouveaux épisodes dans les préparatifs des ours une fois que le scénario est bien identifié en les interrogeant sur d’autres oublis éventuels.
Les illustrations correspondent tout à fait à l’atmosphère générale du récit. Elles sont en même temps douces, tendres, sans être ennuyeuses. L’usage de l’aquarelle apporte une atmosphère calme, sereine, apaisante. Les deux ours ont de vraies têtes d’ours mais ils ne font pas peur. Leurs regards souvent croisés, leur tenue identique, leur proximité dans toutes les postures sont emplis d’affection et d’amour. La mise en page donne un véritable rythme à l’histoire. Une seule image pleine page présente une situation précise, par exemple le dépôt des cannes ou du livre dans le chariot. Quatre vignettes sur une page évoquent davantage une action, la confection des gâteaux à la myrtille par exemple. Le dessin sur la double page inscrit le récit dans un temps plus long, le temps d’attente sur le lac notamment. On notera, pour le jeu, la présence d’une petite abeille sur chaque page. Il s’agit peut-être de la marque de fabrique de l’illustratrice qui utilise ce même signe sur son site.
Grand Ours et Petit Ours vont à la pêche est un album pour partager uniquement de bonnes émotions. Aucun message intrinsèque n’est sous-tendu. Il n’est question ici que de calme, de douceur, du plaisir d’être ensemble. Ainsi grands et petits auront tout loisir de savourer cette histoire au creux d’un canapé confortable ou d’un bon lit douillet ou encore au fond d’une barque de pêche…
Par sa simplicité et son côté rassurant, cet album s’adresse davantage aux plus petits.