Ce n’est pas une bonne idée
Auteur-illustrateur | Mo Willems |
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Edition | Kaléidoscope – 2014 |
Un renard affamé rencontre une oie bien dodue, l’invite dans sa cuisine… et l’oie accepte l’invitation. Mais l’affaire se complique, car question soupe, ils n’ont pas DU TOUT la même recette ! Quel rôle jouera l’oie dans la recette du rusé renard ?
Mots-clés : point de vue, ruse
Présentation générale
Un album drôlissime qui met en scène une maman oie blanche et son prédateur naturel, un renard, pour une histoire pleine de suspens qui finit par une chute savoureuse. Tel est pris qui croyait prendre, telle pourrait être la morale de cette histoire ! Mais il ne faudrait pas croire que le récit est simpliste. Entre les références cinématographiques des années 30, un travail très précis des couleurs et des contrastes, un jeu de personnages annexes qui renforcent la mise en tension, cet album est tout à fait unique.
Notre analyse
Mo Willems est un auteur, animateur, créateur américain. Il a travaillé pendant neuf ans comme scénariste et animateur du « Muppet Show ». Homme de cinéma, de télévision, il a créé également des dessins animés projetés dans de nombreux festivals. La présentation de son livre sur son site reprend les vieux standards de présentation des nouveaux films au cinéma. Ce n’est certainement pas à la portée des enfants mais c’est assez amusant à visionner. Mo Wilhems est également l’auteur de la série des pigeons (Le pigeon trouve un hot dog, Ne laissez-pas le pigeon conduire le bus), des albums de Guili (Guili Lapin, l’autre Guili Lapin). Vous trouverez sa bibliographie sur le site de l’école des loisirs.
La présentation de l’auteur/illustrateur apporte un éclairage à l’aspect tout à fait original de l’album. L’adulte, du fait de ses connaissances cinématographiques, retrouvera avec plaisir des analogies avec le cinéma muet. Les jeunes enfants, eux, n’auront certainement pas les références nécessaires pour comprendre les rapprochements faits entre le cinéma ancien et la mise en page de l’album. Les codes (encadrés textes) qui dissocient la parole du personnage leur sont inconnus. Et c’est là que se joue toute ambiguïté du rapport au dialogue : qui parle ? Qui dit ? La première scène traduite par « Quelle chance ! / « Mon dîner ! » pose d’emblée la question du locuteur. La répétition et la relecture de l’album permettront aux enfants de comprendre au fil du temps ce jeu d’association et de saisir que le « mon dîner !» n’est pas émis par celui auquel on aurait pu penser…
Cet album a reçu le prix jeunesse des librairies du Québec en 2015
Pour prolonger la lecture
L’humour de l’album n’est pas accessible naturellement pour les enfants. Il sera facile de comprendre que l’oie, contrairement à ce que pouvait penser le lecteur, finit par manger le renard. Mais la ruse de la volaille qui fait son « oie blanche » n’est pas si simple à comprendre. La difficulté de compréhension réside également dans les multiples interventions des poussins : à qui s’adressent-ils ? Là encore le fait de lire et de relire devrait permettre d’avancer sur les représentations. On pourra également accompagner les lecteurs en s’interrogeant sur les intentions explicites des personnages et leurs actions tout au long du récit. L’écriture sous forme uniquement de dialogues n’apporte aucune information de ce genre.
Attention de ne pas dévoiler la quatrième de couverture trop tôt. En effet, trop explicite, elle révèle d’emblée l’ambivalence du personnage de l’oie.