Deux drôles de bêtes dans la forêt
Auteur | Fiona Roberton |
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Illustrateur | Fiona Roberton |
Editeur | Circonflexe |
Année d'édition | 2015 |
Une petite fille trouve une étrange bête dans les bois et la ramène chez elle. Elle est persuadée de faire ainsi son bonheur. Mais ce n’est pas exactement l’opinion de la petite bête, qui donne à son tour sa version des faits.
Mots-clés : point du vue, différence
Approche générale
Une histoire amusante et drôle qui donne à lire deux points de vue différents sur un même évènement : la rencontre entre une petite fille et un animal. Dans une première partie la fillette raconte son aventure avec beaucoup d’entrain, dans une deuxième partie l’animal apporte sa propre vision sous un aspect beaucoup moins flatteur. L’album est original et donne à réfléchir.
L’histoire
Les deux points de vue successifs ne sont pas si faciles à appréhender pour de jeunes lecteurs. L’aptitude à se mettre dans la peau d’autrui pour penser comme lui et non comme soi-même renvoie à la théorie de l’esprit. Ici on demande au lecteur de reprendre la situation initiale dans la peau d’un autre personnage. L’exercice pourra paraître fastidieux s’il n’est pas vécu comme un jeu.
La première narration, appelée « La drôle de bête », celle de la fillette, est la plus facile à comprendre puisque les enfants raisonnent comme elle avec les mêmes références. L’animal est étonnant, ressemblant à un opossum. La fillette est fière de sa découverte, elle s’en occuper… peut-être un peu trop. La fin reste néanmoins surprenante puisque l’enfant se déshabille et court dans la forêt avec l’animal. La question finale sera à mettre en avant avec les enfants : « Pourquoi est-elle revenue ? ».
La deuxième partie reprend la même histoire avec la vision de l’animal. Appelé « la terrible
bête». Cet épisode montre l’incompréhension, la crainte de l’animal qui découvre l’humain comme s’il était une bête.
Les illustrations
Les illustrations sont mises en page de façon agréable et bien lisibles. On notera que les pages de gauches sont identiques d’un récit à l’autre mais que la focalisation des scènes de droite est différente, adaptée à la vison du personnage narrateur.
Il sera intéressant d’utiliser deux livres en vis-à-vis pour faire cette comparaison avec les enfants. Les visages sont très expressifs, permettant de bien comprendre les réactions aux différentes situations.
Pour accompagner les enfants dans leur lecture.
Ce livre ouvre évidemment à réfléchir sur les différences de point de vue et d’interprétation. Le renvoi à Petit renard perdu de Louis Espinassous et C. Roucha aidera les plus jeunes à comprendre la notion de point de vue. On pourra également penser à l’album L’opossum qui avait l’air triste de Franck Tashiin dans lequel l’interprétation de l’humeur de l’animal n’est également qu’une question d’interprétation.
Les paroles finales de chaque épisode peuvent être intéressantes à développer : La fillette trouve la bête « pas si étrange finalement… » et la bête pense que la fillette n’est « pas si terrible finalement… ». En fait le livre pose également la question du rapport entre l’homme et l’animal. Le petit humain d’Alain Serres raconte la découverte d’un humain par des animaux. Il peut alimenter la réflexion et le débat.
On évitera donc d’emblée de poser la question inscrite en couverture aux enfants (« Qui dit vrai dans l’histoire ? ») car il n’y a aucune vérité à établir, chaque personnage ayant sa propre interprétation des événements. On notera évidemment les oppositions dans les deux relations des événements : elle gémissait- je chantais / secourir- attaquer/ bain moussant-récurage / noisettes fraîches-régime des écureuils ……