Ecoute la baleine chanter

Ecoute la baleine chanter
Auteure

Elodie Chan

Illustrateur

Anthony Martinez

Editeur

Ecole des loisirs- coll Mouche – 2023

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Alors que Frida la mouette s’apprête à déjeuner, elle remarque une agitation inhabituelle dans le port. Une petite baleine a perdu sa maman et se retrouve coincée entre les bateaux ! Il faut la sauver ! Mais comment faire ? Ça, Frida ne le sait pas encore. Elle sait seulement qu’elle peut compter sur ses amis. Ahoy, que l’aventure commence !

Mots-clés : amitié, mer, nature-écologie, solidarité

Présentation générale

Une petite baleine qui a perdu sa maman, morte d’avoir avalé du plastique, se retrouve coincée dans un port, entre les bateaux. Elle est incapable de retrouver sa route toute seule. Sans sa mère pour la nourrir, elle ne peut pas survivre. Il faut la sauver avant que les hommes tentent de l’attraper dans leurs filets ou que le dangereux gang des Charly, trois chats sauvages, ne la dévore quand elle échouera sur la plage. Frida, la mouette liseuse, qui dévore les livres aussi vite que la friture de sardines, prévenue par son ami Jonathan le goéland, décide d’organiser son sauvetage avec l’aide de Lekni son ami macareux. Ensemble, avec l’aide de Copernic le mouton « divin » aux prédictions mystérieuses, Carlos le cacatoès pirate à qui on ne la fait pas et Minus le petit matelot qui rêve de corsaires et d’aventure, ils vont réussir à sauver le baleineau grâce au pédalo de Minus équipé du gramophone de son oncle pirate, où un disque d’opéra imite le beau chant des baleines. Ils guident ainsi la petite orpheline vers la pleine mer où elle va pouvoir retrouver ses semblables.

Notre avis

Elodie Chan nous livre là un excellent petit roman d’aventure pour de jeunes lecteurs. L’écriture est vive, rythmée, dynamique. Les chapitres sont courts, se terminent sur des petits temps de suspense qui donnent envie de sauter tout de suite au chapitre suivant. Roman d’aventure, roman de cape et d’épée, histoires de corsaires et de pirates, chansons et poésies, le livre fait référence à plusieurs genres littéraires différents. L’ensemble est enlevé, assez rocambolesque, c’est parfois un joyeux bazar, bref on ne s’ennuie pas !

L’écriture est à l’avenant. Le style est enlevé, tonique, intrépide. On imagine d’ailleurs très bien la possibilité de lire cette histoire à voix haute à des enfants encore non-lecteurs. Il y a beaucoup d’humour dans le texte. L’autrice joue avec les mots : sur le bout des palmes/ la salive au bec/ le moral dans les palmes/ mon humain de compagnie…Elle joue aussi avec ce qui fera sourire de jeunes lecteurs, les fientes lâchées intentionnellement par Frida, Copernic le mouton qui lit l’avenir dans les crottes de lapin, les onomatopées, les bruitages, les petites familiarités de langage : code d’honneur mes fesses ! / Pas de quartier ! / On met les gaz ! etc…Après des études littéraires, Elodie Chan a poursuivi une carrière de contorsionniste !Elle s’amuse de la même manière avec les mots et mélange les genres avec naturel. Il y a, insérés dans le texte, des petites pauses poétiques sous forme de haïkus, des couplets de chants de marin ; tout cela est très bien amené et ajoute à l’histoire de la joie, de l’émerveillement, de la poésie, des instants de contemplation. Un chant de baleine, c’est étrange et mélancolique. Ça chatouille le cœur.

Les personnages « positifs » sont malins, courageux et intrépides. Leur amitié est renforcée par les aventures qu’ils partagent, réflexions, hésitations, petits échecs et réussite finale soudent leur solidarité. Les « méchants » sont vraiment…méchants. Le gang des Charly est réellement malveillant. Mais ils sont finalement réduits au plus complet ridicule lors du combat final sur le pédalo : Dégage, sac à puces ! / Les trois Charly finissent à la flotte. / Ils ont enfin pris un bain, ajoute Minus. Et tous éclatent de rire.

L’ensemble des personnages est assez atypique et haut en couleurs. Il y a Jonathan (et pas Livingston !) le goéland qui est au courant de tout. Frida la mouette qui se fait un nid douillet avec des livres, qui leur fait confiance pour trouver des solutions et qui adore les histoires : celle d’une chasse au cachalot, celle d’un homme dans le ventre d’une baleine… (les adultes y reconnaitront bien sûr des références.) Il y a Lekni le macareux aventurier qui a beaucoup appris de ses voyages autour du monde, ami fidèle de Frida. Copernic le mouton dont on ne comprend les bizarres prédictions qu’une fois dans l’action. Carlos Felipe Tercero, le cacatoès pirate, redouté et redoutable, descendant de Rackham le Rouge, qui affronte Lekni en un combat d’escrime en vol avant d’accepter de prêter le fameux gramophone. Et puis, entrés en scène dans la dernière partie du roman des humains : le maître de Carlos, son humain de compagnie, John Fourfingers, triste et mélancolique, qui a perdu un doigt en tentant de sauver sa femme et qu’on ne verra que de dos en train d’écouter un air d’opéra aussi beau qu’un chant de baleine ; et le petit Minus dont le courage et l’intrépidité vont désavouer le prénom. De son côté, fort lui aussi de ses lectures et de son imagination, il avait tout prévu pour aller sauver la baleine. Ensemble, ce sera encore mieux ; grâce à son pédalo, le sauvetage va pouvoir enfin se tenter. Une belle équipe !

De l’aventure donc, mais pas seulement. Le livre est aussi un plaidoyer pour le respect de l’environnement. Le propos est écologique. Si le baleineau est perdu dans le port, c’est à cause du plastique que les hommes abandonnent à la mer. Ceux-ci d’ailleurs, les adultes du moins, ne sortent pas grandis de cette histoire. Sur les quais c’est le bazar. Les hommes se bousculent et grommellent des mots incompréhensibles. / A chaque vague les humains lancent des oh lala! affolés. / Toutes ces cochonneries que les humains balancent à la mer, elles nous pourrissent la vie ! On ne peut rien attendre d’eux. Ils n’ont comme seule idée que de sortir leurs filets. Il faut des oiseaux et un enfant pour avoir un regard écologique, de l’imagination et pour trouver une solution. Le livre est ainsi une petite alerte à la pollution des océans. Il est aussi le moyen de faire découvrir aux enfants le monde des baleines, ce qu’elles mangent, ce qu’elles risquent et leur beau mode de communication. On notera que, comme Frida, Minus construit ses connaissances dans les livres, en l’occurrence un dictionnaire.

Anthony Martinez signe les illustrations très présentes dans ce livre, ce qui, on le sait aide beaucoup les jeunes lecteurs à entrer dans les histoires. Pleines pages ou petites ponctuations, en de jolis camaïeux, elles sont délicates, drôles et tendres. C’est un accompagnement du texte très sympathique…

En résumé : un excellent petit roman à conseiller à tous les amateurs et amatrices de récits d’aventure, attentifs au respect de la nature et intéressés par la protection des animaux !

Pour aller plus loin

Pour les non lecteurs, sur notre site, on trouvera une autre histoire de baleine : La mystérieuse baleine de Daniel Frost à l’Ecole des Loisirs en 2020.

Sur le site de Babelio, un livre plus ancien : Le chant des baleines de Dyan Sheldon, Ecole des Loisirs, 1990. A partir de ce lien, Babelio propose d’autres albums ayant la baleine pour thème.

Et pourquoi pas l’histoire biblique de Jonas à laquelle on trouve une petite allusion dans le roman d’Elodie Chan ? Jonas et la baleine de Bernadette Watts chez Nord-Sud en 2001.

Et sur le thème de la pollution des plages l’album d’Elisabeth Brami Voyage à Poubelle Plage.