Ferme ton bec !
Auteur | Pierre DELYE |
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Illustratrice | Magalie LE HUCHE |
Editeur | Didier Jeunesse – 2014 |
– Ah mais, ferme ton bec ! Vas-tu te taire poussin, vas-tu te faire enfin ? FERME TON BEC !
De mémoire de poulailler, on n’avait jamais vu ça.
Qui aurait pu imaginer qu’un poussin puisse autant parler ?
Mots-clé : rejet, relation adultes-enfants
Des activités pédagogique sont proposées pour cet album dans l’onglet « Pédagogues ».
Présentation générale
Un poussin très curieux n’écoute pas sa mère. Il préfère poser des questions à chaque nouvelle rencontre. Mais il reçoit pour toute réponse des « Ferme ton bec ! » de plus en plus insupportables. Alors il part de la basse cour pour poser d’autres questions qui restent le plus souvent sans réponse. Sa question principale obtient néanmoins une réponse directe : oui, sa maman l’aime et l’autorise à parler… sous certaines conditions.
Notre analyse
Ferme ton bec ! est un conte classique sur la curiosité, la récurrence des questions des jeunes enfants qui gêne parfois l’entourage. L’histoire commence comme une randonnée avec accumulation des personnages ulcérés jusqu’au départ du poussin qui chamboule le monde. La recherche de la mère poule aboutit à la question ultime : « Vous croyez que ma maman, elle m’aime quand même ? ». Les retrouvailles de la poule et de son poussin font l’objet de longues explications et d’une morale.
Le texte est assez long pour un album destiné à des lecteurs de 5/6 ans. Les enfants seront certainement sensibles à certains traits d’humour un peu faciles. Les rencontres avec la vache et le cochon les feront certainement rire. On notera également des jeux de sonorités un peu trop sur-joués (« c’est toujours l’oie qui fait la loi »). La surcharge humoristique peut se lire aussi dans le décompte des poussins au début.
Le dérèglement du monde après le départ du poussin correspond à un monde qui ne tourne pas rond si plus personne ne l’interroge. La prise de conscience de la mère, même un peu tardivement, met en valeur cette idée de la nécessité du questionnement. Il semble que la poule fasse preuve, à ce moment là, d’une intelligence sensible, alors que rien ne le laissait présager au début.
La morale finale est très fermée. Le récit n’amène pas à réfléchir sur la différence entre bavardage et curiosité, sur la pertinence de s’interroger sur le monde, sur le droit à la parole, sur le droit à l’écoute… il s’agit ici de définir clairement les limites des interventions des jeunes curieux : il faut laisser la place aux autres, il faut observer avant de parler, il faut écouter. L’intervention de la mère poule (« je n’avais pas compris, je ne t’avais pas compris ») va dans le sens d’une explicitation qui intéresse certainement plus les adultes que les enfants.
Le site ricochet propose une critique de l’album : http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/52830-ferme-ton-bec-
Les illustrations
Fidèle à sa ligne éditoriale, les éditions Didier jeunesse proposent un album avec une mise en page dynamique et expressive. Le fond blanc met en valeur les couleurs vives des illustrations. La typographie apporte une expressivité à la lecture et donne un rythme au récit. L’ensemble est tout à fait attrayant.
Pour accompagner les enfants dans leur lecture
On notera quelques difficultés lexicales (piaille, la soue, le goret, subjugués…) qui peuvent être explicitées.
Le départ du poussin qui correspond au tournant de l’histoire n’est pas si simple à comprendre. Pourquoi le poussin pleure-t-il ? Il exprime sa pensée mais l’expression de ses émotions (la tristesse, la colère) et d’autres ressentis (le sentiment d’injustice, d’incompréhension) permettra de comprendre clairement son état mental.