Notre présentation

Hachiko est une histoire d’amour incroyable entre un homme et son chien, une histoire tellement forte qu’elle est devenue légendaire.

Au tout début, Ueno Hidesaburo, professeur émérite à l’université de Tokyo, n’éprouve aucun intérêt à la venue d’un chien dans son foyer. Il est simplement question de faire plaisir à sa fille. Mais quand il découvre le chiot Akita Inu, petite boule blanche recroquevillée au fond d’un carton de transport, quand il se confronte à son regard, une espèce de coup de foudre amoureux le traverse. Il prend le chien en charge. Il le soigne, il lui parle, il le promène, il veille à son confort… Il ne le lâche plus sauf pour aller travailler.
Le chien de son côté ne regarde que son maître. Il reste à ses côtés, l’accompagne, l’écoute… Il l’escorte tous les matins à la gare de Shibuya pour son départ à l’université. Et il vient le chercher tous les soirs à 17 heures 10 précisément lors de son retour.

Les deux acolytes vivent une routine bien huilée les jours ouvrés. Lors de leurs temps libres ils profitent de la vie en se promenant au parc. Ils observent les fleurs, les arbres, les papillons. Le professeur Ueno emmène même son chien voir la mer dans la baie de Sagami pour une semaine de vacances.

Mais un beau jour, alors qu’il avait promis de revenir à l’heure dite, Ueno ne rentre pas. Il a fait un AVC et ne s’en est pas remis. Le chien ne peut pas comprendre la situation. Son maître lui a promis de rentrer, il doit donc apparaître à 17h10 et franchir la grande porte rouge qui marque la sortie de la gare. Hachiko n’en démord pas, son maître va venir. Aussi va-t-il se rendre à la gare tous les jours à la même heure pendant une dizaine d’années sans jamais apercevoir Ueno et sans jamais désespérer de le voir!

L’amour du chien pour son maître pourrait paraître insensé. Mais il témoigne d’un attachement plus fort que tout, d’une fidélité à toute épreuve, d’une loyauté incroyable. Hachiko a touché le cœur des japonais qui ont érigé une statue à son effigie. Il est devenu « chuken », chien fidèle, sujet de mémoire collective pour le pays.

Nos commentaires

L’histoire d’Hachiko et de Ueno est une histoire très touchante, elle peut même être bouleversante pour certains lecteurs au vu de l’intensité des émotions. Tout commence par un regard. Alors que Hachiko a failli mourir à cause d’Ueno qui l’avait oublié à la gare, le chien jette à son maître un regard « sans reproche ». Il a « l’air de ne rien attendre et en même temps de tout attendre ». C’est un choc pour le professeur Ueno, coincé entre une vie professionnelle très réglée et une vie familiale traditionnelle excessivement codée. Ce chien est un compagnon sans jugement, sans attente particulière. Ueno prend énormément de plaisir à l’éduquer simplement, en douceur. Il ne cherche pas à le dominer ni à le maîtriser. Il prend juste le temps de partager avec des lui des moments simples. Le chien, de son côté, prête toute son attention et son affection à cet homme qui ne crie jamais ni n’impose quoique ce soit. Un maître parfait pour un chien adorable. Une véritable alchimie unit ces deux êtres. La fin du récit ne peut être que triste. Mais la mort d’Hachiko est sublimée par une vision merveilleuse de l’au-delà. Comme dans le conte La petite fille aux allumettes de HC Andersen, Hachiko rêve de retrouver son maître au moment de trépasser. Il monte avec lui dans le train et se pelotonne sur ses genoux en direction de la mer. Hachiko est mort mais il accède à un bonheur éternel.

Le quotidien décrit dans le texte pourrait paraître assez banal dans l’absolu. Ueno et Hachiko se suffisent à eux-mêmes, ils ne réalisent aucun exploit. Et pourtant ils participent à une vie de quartier attrayante et sympathique. Les nombreux personnages secondaires apportent de l’énergie au récit. Ils proposent une belle dynamique sociale. De plus leurs regards croisés apportent un éclairage distancié à la situation. On trouve bien sûr l’épouse d’Ueno, Yaeko, garante de la tradition au sein de la famille, perdue face à l’attitude de son mari. Kikuzaburo, le jardinier, employé à l’année par la famille, silencieux mais toujours présent quand on a besoin de lui. Ibuki, le postier, peu sensible à la présence des animaux. Moi Sasaki, la geisha, attirée par les Akita, les chiens des samouraïs. Quand elle vient dans le quartier elle prend le temps de s’arrêter pour caresser Hachiko, pour le plus grand plaisir de son maître. Mme Shuto, la vendeuse de gâteaux, Mme Hisigo et Mme Hiziguro, les deux modistes, Mme Kokona, la bouilleuse de thé, M Marsumot, l’épicier,… tout le monde connaît Hachiko et son maître. Et tout le monde admire l’attitude du chien à la mort de son maître ! Leur admiration est telle que tous les habitants du quartier s’unissent pour contrecarrer la mise en fourrière d’Hachiko. Ils offrent même à Hachiko un collier sur lequel est écrit : « Chien du professeur Ueno et de la gare de Shibuya ». L’animal, dans sa loyauté, a créé une solidarité inattendue et remarquable. C’est une belle reconnaissance pour une émotion pure et sincère.

Il n’est pas anodin que l’histoire se déroule au Japon, un pays où la contemplation tient de la tradition, où le code d’honneur est un principe de vie, où règne l’esprit zen. Lluis Prats propose un véritable voyage dans cet univers si différent du nôtre. Ueno pratique le rituel du thé et invoque automatiquement ses aïeux avant de quitter son domicile tous les matins. Le nom qu’il choisit pour son chien a une valeur symbolique forte. Son épouse pratique l’art de l’Ikebana, la réalisation de compositions florales selon des règles d’harmonie très précises. Les femmes sont vêtues de kimonos de soie colorée qui les gênent pour descendre du train. La geisha, un personnage à part, subjugue Ueno. La marchande de gâteaux propose des wagashis et des amnistus, de délicieuses pâtisseries. Le parc Yoyogikamizonoko semble paradisiaque avec ses cerisiers, ses amandiers, ses fleurs et ses papillons… Le déroulé, assez lent, permet de rassasier le lecteur d’images, de senteurs, de sensations nouvelles.. Les mots, faciles à lire mais aux consonnances totalement étrangères, donnent à rêver. Loin d’être rébarbatif cet aspect du roman donne un relief séduisant.

En conclusion

On connait de nombreuses histoires qui évoquent un lien d’amour entre un maître et son chien. Lassie, chien fidèle de E Knight est un classique de la littérature britannique, Belle et Sébastien de C. Aubry est connu par de nombreux enfants français. Voici maintenant Hachiko, chien fidèle, l’histoire bouleversante d’un petit Akita Inu au Japon.
Tout est vrai dans Hachiko chien fidèle, les personnages, le contexte, les évènements. Aucun mensonge. Aucune exagération. Oui, un homme peut changer de personnalité, s’ouvrir au monde grâce un chien. Oui, un chien peut aimer son maître jusqu’à la mort. Une histoire authentique émouvante qui touchera sans nul doute tous les lecteurs.

Pour aller plus loin

• Hachiko est devenu un symbole au Japon. Comme indiqué dans l’épilogue il est l’objet un culte certain.
  Le site « univers du japon » présente un article complet à son sujet.

• D’autres ouvrages moins récents racontent l’histoire d’Hachiko

• Le roman évoque les deux films inspirés de la vie de Ueno et Hachiko