La culotte du loup
Comme dans la comptine, trois petits cochons interpellent le loup. « Loup y est-tu ? M’entends-tu ? Que fais-tu ? ». Et comme dans la comptine, le loup entreprend de s’habiller, mais s’aperçoit que sa culotte est toute trouée. Il file au magasin pour en acheter une autre. Rouge, avec des dentelles et des cochons imprimés, brodées à la main avec du joli fil doré… Les culottes ne manquent pas mais elles sont aussi très chères. Et le loup qui n’a qu’une seule pièce en poche… Qu’à cela ne tienne, le vendeur lui propose de travailler en échange de la culotte de son choix. Loup travaille alors d’arrache-pied, souffle et sue sous les yeux moqueurs et les sarcasmes des trois petits cochons…
Présentation générale
Comme à leur habitude les éditions Didier Jeunesse proposent un album gai et facile à appréhender. La mise en page est dynamique, les illustrations valorisent le mouvement comme l’expression des personnages, la typographie est étudiée pour donner à lire de façon expressive. Les enfants qui connaissent le rapport traditionnel entre un loup et des cochons n’auront aucun mal à entrer dans cette histoire farfelue qui voit le loup contraint de travailler pour s’offrir la culotte de ses rêves. Parce qu’un loup doit être culotté avant d’aller chasser sa proie !
Notre analyse
Tout le monde connaît la comptine « Promenons nous dans les bois » sur laquelle l’auteur construit son récit. Si ce n’était pas le cas il faudrait que les enfants puissent la jouer avant de lire l’album sur la culotte du loup.
Les cochons sont joueurs, quelque peu provocateurs. Veulent-ils se venger? Seulement jouer ? Rien ne permet de l’affirmer.
Le personnage du loup est assez déroutant. Certes, sa culotte est trouée et il est nécessaire qu’il en achète une autre, mais son désir d’obtenir toujours une culotte plus belle est difficile à justifier. Le loup a-t-il un plan ? S’agit-il seulement du désir du « toujours plus » ? Est-ce que c’est son envie d’humanisation qui l’amène à chercher des habits de plus en plus beaux ? De plus le choix du « plus beau » reste subjectif, pourquoi l’imprimé petits cochons sur fond rose l’emporte-t-il sur les points blancs sur fond rouge ? Il est vrai que les goûts et les couleurs…
En fait, la ligne directrice du récit n’est pas si claire. Il semble que la notion de consommation, de publicité soit dénoncée. Pendant que le loup travaille pour gagner de quoi s’acheter ses culottes, le commerçant s’enrichit, il gagne au niveau de son propre habillage et fait même des plans d’agrandissement de son magasin. En tout cas, il sera possible de réfléchir à la notion d’échange, de valeur, tant au niveau du travail que du produit de consommation.
Pour prolonger la lecture
La fin du récit, avec une silhouette de loup représentée comme dans Tout à coup de Colin Mac Naughton prête à interprétation. Le loup arrête de se soucier de son apparence, il reprend son rôle initial.
Il est possible de trouver d’autres histoires d’animaux sauvages obligés de travailler. Tony Ross a écrit une variante de La Soupe au caillou (chez Mijade) où une poule bien maligne fait travailler un loup (faire la vaisselle, nettoyer la maison, rentrer le linge, couper du bois…) pendant que la soupe au caillou chauffe. Les intentions et la ruse de la poule sont beaucoup plus explicites et claires que dans La Culotte du loup.