Le défi de Yaran

Auteure | Estelle Faye |
---|---|
Editeur | Rageot – 2024 |
Yaran doit affronter un monstre, mais a-t-il l’étoffe d’un héros ?
Mots-clés : initiation, liberté
Présentation générale
Yaran est le fils de l’Archonte, le dirigeant de la Cité. Il a l’âge auquel il doit relever son Grand Défi : tuer une bête capturée sur la Terre de Feu dont le peuple leur semble hostile. Il se prépare à ce combat depuis longtemps, s’y est entrainé physiquement et psychologiquement, a étudié tout ce qu’il a pu trouver sur l’autre monde et sur son adversaire : LA bête. Mais aujourd’hui il est dans l’arène et rien ne se présente comme il s’y attendait. La bête ne l’attaque pas et quand il s’apprête à la frapper, son regard croise le sien. Il lâche son arme et s’échappe de l’arène. Le combat est terminé ; il a échoué et la honte va s’abattre sur sa famille. Il décide alors de s’enfuir et d’aller en Terre de Feu, découvrir ce territoire inconnu pour en revenir en héros d’une autre façon.
Après une longue route difficile, il se trouve, isolé, en situation de survie, dans un environnement inconnu et désertique. Il se perd dans les brumes et les fumées, les lacs de lave et les collines grises et finit par rencontrer des habitants de l’autre pays. Il les attaque mais se fait capturer et emmener à la Cité Claire par une jeune fille nommée Luneya. Il découvre alors que les membres de cette cité sont issus de son propre peuple et qu’ils s’en sont enfuis car ils y étaient détenus comme esclaves-forgerons. Ils ont créé ici une terre verdoyante et riche et ils y vivent en harmonie avec les animaux et la nature.
Présenté devant le Maître du Feu, Yaran fait face aux juges qui n’arrivent pas à se mettre d’accord sur son sort. C’est donc le sorcier qui est appelé en dernier recours et qui demande à Kolus de prendre une décision. Kolus est la bête qu’a affrontée Yaran dans l’arène et qui, faute d’être tuée, a été relâchée dans le désert et est revenue dans son pays d’origine. Celle-ci reconnaît son ancien adversaire du combat et s’approche de Yaran pour lui permettre de le caresser. Le voici accepté dans la tribu.
Notre avis
Ce texte très court, 60 pages divisées en 8 chapitres, est facile à lire. Il reprend des codes connus des enfants par les jeux vidéos ou la fantasy : un jeune doit affronter son destin et découvre la liberté dans un autre monde.
Estelle Faye emmène son héros dans une ambiance de soleil brûlant, de brumes toxiques et de terres de laves. Elle arrive à faire ressentir au lecteur la peur, la faim, la soif, le sable et le vent envahissants ainsi que la fatigue extrême. L’histoire ne traîne pas. Tout se déroule à grande vitesse pour créer des rebondissements et maintenir le suspens.
Ce qui est le plus intéressant, ce sont les sentiments et émotions de Yaran, LE personnage de ce récit. L’adolescent vit ici un passage difficile où il doit assumer ses choix et suivre ses intuitions. C’est le cas quand il décide de ne pas tuer la bête dans l’arène. C’est également le cas quand il choisit de fuir et de partir vers un ailleurs. Ce sont des situations qui vont permettre aux enfants de réfléchir en même temps que Yaran sur le courage, le respect de l’autre, le jugement hâtif ou la mansuétude. C’est aussi une réflexion sur le fonctionnement des sociétés décrites et la place de chacun dans un groupe. Savoir sortir des traditions et des croyances qui corsettent chacun pour devenir libre de ses choix.. Passer de l’enfance à l’âge adulte s’accompagne d’une responsabilisation, d’un libre arbitre et d’un autre regard sur le monde.
Ce petit roman tout simple et tout court, par l’entrée dans un monde imaginaire, aide à se questionner sur notre propre monde. Un texte fort et intéressant qui nécessitera d’être accompagné pour lui donner tout son sens.
Pour aller plus loin
On ne peut pas ne pas penser à Yacouba de Thierry Dedieu, superbe album qui place son héros devant un dilemme face à un lion et dont la décision impactera toute sa vie. Avec de magnifiques illustrations très fortes.
L’initiation d’un jeune garçon qui ne deviendra pas guerrier. Un conte sur le sens du courage et du droit à la différence pour un album tout en noir et blanc.
Editions du Seuil, 1994
La scène de l’arène renvoie également à la chanson de Francis Cabrel La corrida dans laquelle le point de vue adopté est celui du taureau face à son tueur. De très belles paroles .