Les pirates à roulettes

Les pirates à roulettes
Auteur

Youri De Paz

Illustrateur

Antoine Deprez

Editeur

Alice deuzio – 2023

Max aime écrire, rêver, soutenir ses proches et parler de ce qui l’anime. Léa, de son côté, est plus réservée, mais adore la compétition, les sodas à la cerise et les mathématiques.
Ensemble, ils jouent au tennis de table au club des Pirates à Roulettes, où ils retrouvent régulièrement tous les habitués. Quoi qu’il se passe, Léa et Max sont amis et se soutiennent dans toutes les épreuves auxquelles ils doivent faire face.

Mots-clés : amitié, maladie

Présentation générale

Léa et Max sont amis, d’une véritable amitié qui ne fait jamais défaut. Ils passent leurs journées ensemble, dans la même classe, et le soir au club de tennis de table. S’ils sont très différents et rencontrent des difficultés peu semblables, ils ne peuvent se passer l’un de l’autre.

Ce récit nous emmène dans leur vie quotidienne et leur vie sportive et nous fait peu à peu découvrir qui ils sont, en tant que personnes mais aussi dans leurs relations et comment ils habitent leurs vies pas toujours faciles.

Nos commentaires

Ce roman est présenté en deux voix qui se font écho en se complétant et s’éclairant par des points de vue différents. L’alternance se fait à chaque chapitre, court (2 à 3 pages maximum), dans une écriture simple et efficace qui ne pose pas de difficultés de compréhension.

Léa est une fillette un peu solitaire et renfermée qui aime le soda à la cerise et aller à la mer. Elle aime aussi beaucoup les mathématiques et est très investie dans les compétitions de ping-pong. On comprend très rapidement qu’elle est autiste et que ce sont ses problèmes de communication qui la rendent différente et solitaire. Elle a des réactions exacerbées quand ses émotions sont trop fortes ou quand elle se trouve confrontée à une foule, des cris, une bousculade mais également face à de petits riens qui la déstabilisent, comme une mouche, un rayon de soleil, un changement imprévu ou une frustration. Elle a alors des comportements qui peuvent choquer les autres : elle se balance, secoue les mains ou se met à crier. Elle a aussi des obsessions qu’elle ne sait pas gérer.

Quant à Max, il est plutôt rêveur, il adore lire et voudrait réussir à écrire un roman. Il tente d’inventer des petits poèmes et est très attentif à Léa, la protégeant des remarques désagréables des autres. Il adore l’ambiance de son club bien que ce soit une association de quartier plus qu’un club de sport. Il y trouve des amis, des éducateurs, de la bienveillance et un bon esprit.

Les événements quotidiens vus par Léa ou par Max peuvent sembler différents. Léa en donne un rapport sec, froid et mathématique. Max les explique : si Léa a crié c’est qu’elle a été victime d’une injustice, si elle se lève pour aller à la fenêtre c’est qu’elle ne contient plus ses émotions. A l’école, seul Max comprend Léa et sait l’aider à sortir de situations complexes. Léa se laisse porter par lui, et par ses parents qu’elle adore sans réussir à le leur dire. La percée dans la famille est aussi très riche d’enseignements car on comprend très bien comment Léa se comporte avec ses parents, à table, dans sa chambre et comment tout prend de l’importance quand on est touché par ce handicap.

La progression de Léa dans son sport la mène aux championnats de France. Max la suit attentivement et est son plus fidèle supporter. L’ambiance des Pirates à roulettes la porte beaucoup car elle y réussit et est reconnue en dehors de ses difficultés. Elle s’y trouve bien et s’y épanouit. L’équipe un peu disparate des adultes qui encadrent les entrainements apporte de la fantaisie et de la légèreté dans le récit.

Tout semble bien fonctionner pour amener Léa aux championnats de France et Max s’apprête à l’y accompagner…jusqu’à ce que ce soit lui qui ait des difficultés, de sérieux problèmes de santé qui le plongent dans l’univers médical.

Ce rebondissement pourrait sembler un peu lourd dans un contexte qui tourne déjà autour d’un handicap, mais il permet à l’auteur de mettre en place une situation de réciprocité entre les deux enfants : Comment Léa va-t-elle réagir ? Saura-t-elle aider Max comme lui la soutient ? Quels sont ses sentiments dans une telle situation ? Et comment peut-elle les exprimer, elle qui a tant de mal à communiquer ?

L’écriture toute en délicatesse et pleine de tendresse de l’auteur utilise ce ressort pour en tirer des éléments intéressants sans en faire un « tire-larmes ». Cela permet de comprendre le caractère de Max qui précédemment est souvent dilué dans sa peur de ne pas bien faire avec son amie mais qui sera sur la fin développé dans cette situation difficile.

On quitte ce roman comme on quitte des amis, avec en mémoire une belle tranche de vie émouvante qui se termine sur une fin ouverte et possiblement optimiste.

Notre avis

Ce récit de vie reprend tous les éléments du quotidien des enfants de cet âge : les joies, les peines, les difficultés, le handicap, la maladie, la famille, les amis. Les lecteurs s’y reconnaitront à coup sûr.

Mais ce n’est pas que cela. L’auteur lui donne une tonalité particulière : simple, légèrement humoristique, vraie, pleine d’émotions et de vie.

On n’y trouve pas de grandes phrases ni de pathos mais des instantanés de vie et des suggestions d’interprétations.
C’est une belle façon de comprendre l’autisme tout en découvrant le milieu du tennis de table et en procurant des émotions fortes au lecteur qui sera touché durablement.