Sauf que

Sauf que
Auteur

Anne Vantal

Edition

Actes Sud Junior – 2014

Catégories : , Étiquettes : ,

Valentin aime les chiffres. Sur le chemin de l’école, il vérifie le nombre exact de pas qui le séparent du portail de la maison, du premier carrefour, de l’arrêt de bus. C’est un garçon « spécial ». Mais ce matin-là, il trouve un portefeuille au sol et se met en tête de le restituer à son propriétaire. C’est le début d’une longue journée à arpenter la ville.

Mots-clés : différence famille

Présentation générale

Valentin est un enfant « différent » avec des obsessions, des angoisses et des difficultés à faire des choix. Aussi quand il trouvera ce portefeuille sur son chemin, cela va-t-il lui compliquer sacrément sa journée. Il ira donc de droite et de gauche, à la recherche à la fois de son chemin et de la meilleure solution possible. On le suivra avec attention, inquiétude et parfois un sentiment de malaise. Mais la fin intelligente et lumineuse apaisera nos craintes.

Notre analyse

L’histoire de Valentin donne à lire un raisonnement logique fait de choix. Le lecteur, en suivant le labyrinthe des pensées du petit garçon, se rapproche petit à petit du personnage et entre progressivement dans le (son) jeu du « sauf que ». Le début de récit est peut-être un peu ardu. On pourra aider les enfants à dépasser les premières pages du récit en les lisant soi-même pour arriver à l’arrêt de bus et à la chose noire tombée par terre, le nœud du problème.
Même si Valentin est un enfant spécial son parcours l’amène à réfléchir, hésiter, décider… Valentin fait preuve de raisonnement, il pense avant d’agir. Il sera intéressant d’évoquer avec les enfants ce fonctionnement mental indispensable, parfois oublié pour répondre à des pulsions. On pourra également s’interroger sur les différents fonctionnements mentaux. Est-ce que tout le monde tient le même raisonnement ? Quelles sont les bases d’un raisonnement ? Et si tout le monde avait la même façon de penser ?
Bien sûr Valentin raisonne de façon systématique, il est un peu spécial. Mais Valentin est débrouillard, honnête, il se conduit même comme un preux chevalier. Son handicap n’est pas sa première particularité, Valentin est avant tout un petit garçon qui grandit. Cette façon de traiter la différence dans l’émotion mais sans apitoiement est certainement un point fort du récit. La directrice d’école est quelque peu bousculée à la fin de l’histoire, mais le problème de l’inclusion des élèves handicapés reste en retrait par rapport à tout ce qui fait l’intérêt du personnage. On peut penser néanmoins qu’il soit nécessaire d’apporter un éclairage sur le handicap de Valentin, sur l’autisme et le syndrome d’Asperger.
Le personnage de « mon copain » sera certainement à éclaircir. Qui est « mon copain » ? Pourquoi Valentin fait-il appel à ce personnage ? Est-ce que nous-mêmes nous faisons appel, parfois, à un personnage imaginaire ? Kitty Crowther, dans Moi et rien, traite également du rapport entre un enfant et son personnage imaginaire pour dépasser le drame de la perte d’un être cher.
Les personnages secondaires donnent également à réfléchir. Que dire de la dame aux pigeons si peu curieuse ? Comment peut-elle laisser un jeune garçon perdu seul sur un banc sans s’intéresser davantage à lui ? Et que dire d’Amélie ? Qu’est-ce qui a pu la pousser à s’adresser à Valentin ?
Pour finir on pourra s’arrêter sur la première de couverture au titre évocateur et à l’illustration simple mais très représentative du récit qui suit.
Ce récit intimiste ne séduira pas tous les lecteurs. Néanmoins le dynamisme de la recherche, l’envie de savoir comment Valentin va s’en sortir et le texte très court vont sûrement impliquer rapidement les enfants dans cette lecture.