Vachement moi

Vachement moi
Auteur

Emmanuel Bourdier

Edition

Nathan poche 2010

« J’ai toujours trouvé nos codes barre très pratiques. Mais nettement moins le jour où je n’ai pas pu entrer à l’école parce que le mien stipulait que j’étais une vache. »
Le surnom de Paul, c’est 13NRV. Ce sont les derniers symboles de son code barre, celui qui lui permet, comme à ses camarades, de conserver toutes les données qui le concernent : nom, âge, allergies…
Mais ce matin, Paul s’est cassé la figure, et son code est éraflé. Depuis, l’ordinateur est formel : Paul est une vache. Le concierge ne peut bien sûr pas le faire entrer à l’école !
Pourtant, Paul conteste : c’est un petit garçon, beugle-t-il ! Alors Paul va tenter le tout pour le tout pour prouver qu’il est bien un humain…

Mots-clés : identité, métamorphose, informatique, différence

Présentation

En entrant à l’école, Paul montre son code-barre au concierge. Mais celui-ci refuse de le faire rentrer car son scanner lui indique que cette référence est celle d’une vache. Il est vrai que cette identification a été abîmée car Paul s’est blessé en allant à l’école mais de là à devenir une vache, c’est insupportable pour lui. Il va donc tout faire pour prouver qu’il est bien un enfant et non un animal et cela lui sera impossible….jusqu’à ce que son code-barre soit enfin réparé.

Notre analyse

Ce court roman pose le problème de l’identité. Paul est-il ce que les autres pensent qu’il est (une vache) ? Ou est-il ce qu’il est persuadé être (un garçon)? Et quels sont les critères et les preuves de son identité ? Donc si les autres me voient d’une certaine façon, j’ai beaucoup de mal à leur prouver que je peux être autre…
A partir de la page 22, Paul réagit comme une vache : il mâche (du chewing-gum), il regarde la locomotive…On pourra faire relever tous les éléments qui montrent que l’enfant prend le comportement d’une vache et ceux qu’ils conservent et prouvent qu’il est un enfant (il pense par exemple).
Il est à noter que si Paul proteste par rapport à l’image qu’on lui donne, ses parents ne semblent pas vraiment le défendre. Faut-il en déduire que l’impact social a plus d’importance que l’amour de ses proches ? Que le regard des autres est le plus prégnant ?

Le traitement de ce problème est assez léger et l’auteur entraîne davantage le lecteur sur le chemin de l’absurde et de l’humour que sur celui de la réflexion. La logique de métamorphose est développée dans l’esprit d’un Raymond Devos. C’est donc un livre qui se lit avec le sourire et mène l’histoire à une fin attendue qui par opposition au premier élément déclencheur (le code barre coupé) nous ramène au point de départ (le code barre réparé). Il est dommage que le système ne soit pas plus clairement remis en cause, même si on peut néanmoins lire dans ce livre une critique de la place de la technologie dans notre société et de la dépendance à l’informatique. On y notera alors la stupidité et le manque de recul dont font preuve certains dans la confiance qu’ils accordent à cet outil.

Pour accompagner la lecture

Il est possible de faire des liens avec d’autres livres traitant de la métamorphose :

  • Les métamorphoses d’Ovide
  • Le livre qui rend chèvre de Agnès de Lestrade chez Nathan (transformation en chèvre)
  • Terriblement vert de Hubert Ben Kemoun chez Nathan (transformation en arbre),
  • Le renard de Morlange de Alain Suget chez Nathan (transformation en renard).

On peut penser aussi aux métamorphoses opérées par Merlin l’enchanteur (version Walt Disney). En une séquence de quelques minutes, Merlin et Madame Mime se transforment à volonté. Mais une prodigieuse idée met fin à cette lutte homérique. Alors que la méchante sorcière s’est changée en dragon, l’enchanteur se métamorphose en bactérie et contamine peu à peu l’organisme de son ennemie.