Cachée ou pas j’arrive!
Auteures-Illustratrices | Lolita Séchan et Camille Jourdy |
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Editeur | Actes Sud – 2020 |
Un dessin : Bartok écrit une lettre d’invitation à son amie Nouk pour qu’elle vienne jouer chez lui mercredi. Ce petit dessin est en écho rétroactif avec celui de la page-titre où l’on voit Bartok poster la lettre.
Mots-clés : jeu-défi
Présentation générale
Deux créatures mi-animales mi-humaines, une taupe et une petite chatte, jouent à cache-cache. L’une compte jusqu’à 7 pendant que l’autre cherche une cachette dans la maison et à l’extérieur, mais aucune ne lui convient. A 6, elle s’arrête : Oh ! Surprise !
Celle qui compte est partie à sa recherche, passe par les mêmes cachettes potentielles, son amie n’y est pas. Lorsqu’elle la retrouve dans la forêt, c’est pour partager sa surprise : Prom’nons-nous dans les bois…
Qui maintenant va chercher qui ? Et est-ce toujours un jeu ?
Nos commentaires
Cette partie de cache-cache est écrite et dessinée à quatre mains. Lolita Séchan (accessoirement la fille du chanteur Renaud…) est autrice de livres pour enfants et de scénarios de BD. Elle a créé le personnage de Bartok Biloba, la petite taupe, que l’on pouvait déjà découvrir dans « Une échappée de Bartok Biloba » et « Tout le monde devrait rester tranquille près d’un petit ruisseau et écouter », tous deux édités par Actes Sud.
Camille Jourdy est illustratrice et autrice de BD, connue entre autre pour les trois tomes de « Rosalie Blum » qui ont obtenu plusieurs prix et ont été adaptés au cinéma en 2015. Le personnage de Nouk, l’amie de Bartok, a fait une apparition dans « Les vermeilles » chez Actes Sud BD en 2019. (Une allusion aux « vermeilles » est d’ailleurs faite dans notre album par le cheval bleu de la cabane.)
Leurs deux bibliographies sont sur le site de Babelio. Camille Jourdy propose de partager son univers sur son blog.
Les deux autrices se sont amusées à faire jouer ensemble leurs personnages respectifs et à faire se rencontrer leurs univers. Dans cette petite BD ludique, légère, fantaisiste et gentiment absurde, chaque page présente de un à quatre dessins et la déambulation y est facilitée par le format horizontal du livre.
Bartok la taupe compte jusqu’à 7 dans la maison et pendant qu’elle compte,Nouk cherche une cachette. Le décompte est matérialisé par un long fil continu dessiné en haut des pages, ce qui crée pour le lecteur une petite tension…Car aucune cachette ne convient, ni dans la salle de bains où règne un joyeux bazar, ni sous l’étendoir à linge d’où jaillit une grand-mère à l’affection envahissante, ni dans la cabane de l’arbre où une partie de cartes entre un cheval et des hérissons tourne à la bagarre, ni au fond d’une barque sur le lac où les oreilles de Nouk dépassent, et ni dans la forêt où tout lui fait peur ! Et où ce qu’elle finit par découvrir la terrifie et lui fait oublier le jeu…
A ce moment du récit, le point de vue change. Bartok a fini de compter. « Cachée ou pas j’arrive ! ». Elle est très sûre d’elle : « Je vais te trouver en moins de deux ! » Elle suit alors le même itinéraire que Nouk, la cherche là où celle-ci a pensé pouvoir se cacher, y rencontre les mêmes personnages et les mêmes situations assez loufoques. Personne ne peut lui dire où est Nouk.
Dans la forêt, elle, elle n’est pas effrayée, en vraie petite taupe qu’elle est. Quand elle tombe sur Nouk qui du coup n’est pas cachée du tout, celle-ci a dominé sa peur et lui montre le loup qu’elle a trouvé sous un arbre, endormi dans un hamac. Alors, ensemble, elles prennent l’initiative d’un autre jeu de cache-cache en provoquant le loup et ce sera : « Prom’nons-nous dans les bois ». Avec un vrai loup qui accepte de jouer le jeu à son tour et qui s’écrie lui aussi « J’arrive ! » en les poursuivant. Bartok et Nouk se sauvent en riant.
Sur l’ultime page du livre, quand l’histoire semble finie, on les devine toutes les deux cachées dans la barque du lac mais…le haut de leurs têtes dépasse…Le loup les trouvera-t-il ? Et sera-t-il gentil ou vraiment méchant ??
Les illustrations
Les dessins fourmillent de détails annexes et savoureux, de petites surprises, de clins d’œil, que l’on découvrira en reprenant l’album, en regardant bien, et en accompagnant la relecture avec les enfants les plus jeunes. On y rencontre d’autres jeux enfantins (jeux de mains, jeux de rimes…), d’autres histoires, des chansons, et une foule de petits personnages qui racontent autre chose, qui vivent leur vie dans la marge de l’histoire : Le Petit Bonhomme de Pain d’Epice boit le thé avec le renard et à la page d’après il a disparu tandis que le ventre du renard s’est arrondi…Une petite fée et un crapaud tombent amoureux au bord du lac quand Bartok cherche à s’y cacher, un paon est en colère contre une souris qui lui a échappé, deux petits canards barbotent dans un bassin, une bouée autour de la taille…Et beaucoup d’autres !
Les dessins sont extrêmement riches. On pense à l’univers de Claude Ponti mais sans l’inquiétante étrangeté de son univers. Sauf, peut-être à la fin ??
Le monde de « Cachée ou pas j’arrive ! » est plein de poésie et d’humour. Plein d’impertinences joyeuses aussi, qui feront rire les jeunes lecteurs, comme la « mémé molle qui sent les chaussons anglais », les petites langues tirées et les insultes échangées entre le cheval bleu et les hérissons, « carpette qui pète », « bande de paillassons poltrons » et autres « tartempions », « bachibouzouk » et « ragnagna » !
Voilà donc un album pour les petits qui découvrent le livre et cette forme qui allie joliment texte et images. Un univers plein de joie, de malice et de rebondissements dans lequel ils pourront se délecter des images très riches en détails, s’amuser des mots simples mais drôles et retrouver les jeux auxquels ils aiment déjà s’adonner avec leurs camarades. Une belle réussite à déguster et partager, un livre à lire et relire, à manipuler, à commenter.
Tout cela nous renvoie au monde insouciant et joyeux de l’enfance, où l’on peut parfois provoquer de « petites catastrophes »… « mais c’est pas grave ! »
Prolongement
Le site actua BD propose une chronique sur l’album.