Igor : jamais sans mes oreilles !

Igor : jamais sans mes oreilles !
Auteur

Nicolas Morlet

Illustratrice

Cati Baur

Editeur

Little Urban

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Igor est un pianiste virtuose, adulé dans le monde entier ! Choyé par sa fabuleuse imprésario, Doris, il est une vedette comblée, jusqu’à ce funeste jour où une compagnie aérienne égare ses précieuses oreilles. Mais le bonheur (et les oreilles) envolé ne se trouve pas forcément là où on le cherche désespérément…

Mots clés : musique, identité

Présentation générale

Igor est un éléphant pianiste renommé qui commence une tournée à travers le monde. Mais à l’aéroport, il doit se séparer de ses oreilles qui sont trop grandes et doivent être mises en soute. A son arrivée à Pékin, il découvre que ses oreilles ont disparu. Annuler la tournée est impossible. Alors Igor devra continuer en jouant à chaque étape avec des oreilles de substitution, de formes et de matières variées selon le pays où il se trouve. Ne les retrouvant pas, il décide de retourner chez lui, dans la jungle où il retrouve sa famille et ses amis et en oublie son problème et ses oreilles !

Notre analyse

Le contexte de cette histoire est complexe et sûrement pas accessible à tous les enfants. Il faudra les aider à comprendre le milieu de la musique d’abord, avec la virtuosité, les concerts, le piano et l’imprésario et surtout les oreilles indispensables pour un musicien .Le monde du voyage n’est pas connu de tous non plus dans ses contraintes liées à l’avion, les soutes à bagages, les douaniers ou les bagagistes. En revanche, les pays traversés et les spécificités des oreilles selon le lieu, même si elles sont en adéquation avec l’ambiance générale, ne semblent pas faites pour étudier les différentes régions du monde mais plus pour amuser le lecteur.

La colère d’Igor va aller croissante à chaque étape. Il s’attend à retrouver ses oreilles, mais elles ne sont jamais là. Il joue de plus en plus mal, s’énerve de plus en plus mais doit continuer sa tournée autour du monde. On voit alors l’opposition entre son imprésario qui fait tout pour le contenter mais n’y arrive pas, l’accueil extraordinaire que lui réservent ses fans mais qu’il n’apprécie pas, les oreilles les plus inventives qui lui sont proposées mais qu’il ne supporte pas. Il n’est jamais content ! Jusqu’au moment où, excédé, il disparaît.

Ce passage insiste sur les illustrations des oreilles qui sont ingénieuses et créatives accompagnées de textes très courts faisant rimer villes traversées et mauvaise humeur d’Igor. C’est surtout un moment humoristique où les auteur/illustrateur placent l’éléphant dans des situations ridicules, affublé d’oreilles les plus fantasques. Succès garanti auprès des jeunes enfants.

Le côté humoristique est renforcé par des jeux de mots qui seront compliqués à saisir par les enfants : mettre en pause / défense d’éléphant (au lieu de défense d’afficher) / faire la sourde oreille / être aux premières loges…

On apprend ensuite qu’Igor est retourné dans son pays d’origine où il retrouve sa famille et son amie Paloma. Celle-ci a, durant son absence, perdu ses défenses. Igor s’aperçoit qu’il la trouve encore plus belle comme ça et en oublie son problème d’oreilles. Il prend enfin le temps de vivre et de savourer l’existence. On sent poindre un petit message à l’attention des enfants : malgré l’attention de tous, la vie d’artiste n’a pas le même goût que le cadre familial où l’on est si bien. Ou encore, il faut savoir se perdre pour mieux se retrouver !

Les illustrations

Les illustrations sont incontestablement le point fort de l’ouvrage. Le personnage principal est un clone de Babar qui est mis dans des situations diverses rendues amusantes par l’environnement : les bagagistes (rats, oiseau, koala…) sont petits à côté de l’éléphant dont ils décollent les oreilles mais leurs expressions montrent bien leurs sentiments. Un ours en voie d’hibernation apporte un sourire dans ces temps de tension. Il préfèrerait aller dormir et ses bâillements, sa léthargie, son manque d’ardeur sont particulièrement bien rendus.

Les accueils chaleureux des différents pays, en opposition avec le regard désespéré du héros, sa musique qui se modifie au fur et à mesure des escales, le calme et le repos dans la jungle en opposition avec le tumulte des villes peuvent être compris d’un seul regard par les enfants.

C’est un album qui se déroule à cent à l’heure avec des images de toutes tailles qui se complètent et se lisent différemment : pleines pages colorées, incrustations dans le texte, bandes superposées pour montrer le temps qui passe (attente à l’aéroport), petites cases successives pour suivre le voyage (les différentes villes), doubles-pages dans les moments importants de l’histoire : sa colère où la typographie vient appuyer les cris, l’accès au sous-sol où sont retrouvées les oreilles et le bien-être de la jungle. Et dans chacune d’elle un foisonnement de détails que les enfants se chargeront de scruter avec délice.

Les couleurs sont plutôt dans les tons pastel, douces avec un aspect rond et tendre qui rend l’éléphant attachant malgré son sale caractère.

Un album à lire et à relire pour tout voir et tout comprendre.

Pour prolonger la lecture

Pour les enfants qui aiment les histoires d’éléphant, on pourra leur conseiller d’aller découvrir le personnage de Pomelo qui se décline en plusieurs albums dont Pomelo et la grande aventure de Ramona Badescu et Benjamin Chaud (Albin Michel 2012) qui les emmènera dans un autre voyage.