La drôle d’évasion
Auteur | Séverine VIDAL |
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Editeur | Sarbacanne – coll Pépix – 2014 |
« Cette année, Zach passe ses vacances à San Francisco avec ses parents. Ce qui l’intéresse surtout, c’est de visiter la prison d’Alcatraz, devenue un musée. Une prison dont PERSONNE ne s’est jamais évadé. Personne? Pas d’accord! Après tout, les trois célèbres » évadés d’Alcatraz » ont bien réussi, non? Zach en est certain, et il va le prouver. Le plus dur sera de se faire enfermer après la visite & Ensuite, il y arrivera : il a tout prévu. Enfin, tout, sauf que les fantômes s’en mêlent! «
Présentation générale
Zach, garçon de neuf ans, s’est intéressé à l’histoire des trois prisonniers d’Alcatraz et veut se lancer dans la même aventure à savoir s’évader de cette prison. Il réussit à convaincre ses parents d’aller en vacances à San Francisco et élabore un plan pour se faire enfermer dans cette ancienne prison afin de prouver qu’il est possible de s’en évader avec les mêmes outils et de la même façon que les célèbres prisonniers. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. C’est une aventure pleine de rebondissements qui se déroule donc avec des passages fantastiques ou angoissants mais dans une tonalité humoristique qui rend le récit léger et plaisant. Le suspens tient jusqu’au bout le jeune lecteur qui se laisse facilement embarquer dans cette lecture.
Notre analyse
Dans l’absolu La drôle d’évasion est un récit facile à lire. Le lecteur, très souvent pris à parti par le biais de confidences (typographie plus petite) et de connivences (typographie en italique, notes de bas de page) est invité à participer au récit. On pourra s’interroger sur la nécessité des notes de bas de page parfois superflues.
Dès l’embarquement pour Alcatraz, le lecteur est plongé dans une ambiance de mystère et de suspens : il a de la curiosité, des événements improbables, des prises de risque, des mises en danger, des épreuves à surmonter…L’aventure tout à fait réaliste du début bascule dans le fantastique page 52 lorsque Zach, fatigué, excité, apeuré, entend des bruits « comme dans le grenier de papy Mouchon à Clermont » qui s’avèrent être des « BRUITS DE PAS QUI APPROCHENT POUR DE VRAI !!! » Incertitude lié au stress ? Cauchemar ? Moment de folie ? Zach en arrive à penser que « SON évasion consistera à fuir les trois fantômes » (page62). Ce temps de basculement du réel à l’improbable est important à identifier pour suivre les questionnements du héros par rapport à son hypothèse de départ et l’accompagner dans son aventure à bord du radeau des évadés puis sur la terre ferme. Différents temps possibles pour un retour à la réalité (le requin, la vedette de la police, des endormissements..) émergent mais il faut attendre au moins trois nuits avant que Zach ne retrouve son époque. Le genre fantastique du récit est conforté par la preuve intangible du passage de Zach dans un monde étrange : la cuillère de John toujours présente dans sa poche.
La collection / les illustrations
Les éditions Sarbacane sortent la nouvelle collection Pépix avec des intentions bien définies : les auteurs, tous français, doivent écrire des romans de fantaisie qui associent humour et aventure, comme les anglo-saxons mais « à la française ». Chaque ouvrage est abondamment illustré, « avec plein d’astuces et de trouvailles graphiques », ainsi que des bonus. Plusieurs titres sont déjà parus que l’on pourra découvrir à la fin du roman.
(cf interview de Tibo Bérard, jeunesse.actualitte.com/editeur.htm)
Les originalités graphiques et illustratives de la collection peuvent motiver le lecteur… ou le perturber. Les schémas, dessins, plans et autres présentations graphiques apportent parfois des informations complémentaires au texte indispensables, mais pas toujours. Ils peuvent être une aide à la compréhension ou seulement un temps de pause et de détente lié aux divers jeux humoristiques. Du fait de leur profusion, de la redondance avec le texte, ou de leur gratuité, ils peuvent aussi être un obstacle à la continuité de la lecture. Il sera certainement intéressant d’échanger sur la lecture effective de l’album. Qui a tout lu, tout regardé ? Est-il nécessaire de tout lire pour comprendre? En quoi les divers éléments graphiques aident-ils la lecture ?
Pour accompagner les enfants dans leur lecture
L’aventure est le trait principal de cette histoire mais il s’agit également d’un récit fantastique et d’un récit historique. Ce mélange de genres est certainement à clarifier pour bien comprendre les temps du récit. Le récit repose sur une hypothèse historique : le mystère lié à l’évasion de Franck Morris et des frères John et Clarence Anglin de la prison d’Alcatraz, récit rendu célèbre par le film L’évadé d’Alcatraz avec Clint Eastwood (p27 : « C’est ça mon grand projet : prouver que c’est POSSIBLE de S’EVADER de là-bas… et de survivre ! »). Différentes données historiques émaillent le roman. Les curieux pourront aller les vérifier sur la toile, l’auteur affirme qu’elles sont véridiques. De toute évidence il est recommandé de proposer aux enfants une recherche sur Alcatraz, sa légende et son impact culturel aux USA pour comprendre la fascination du héros pour le lieu et sa motivation dans son projet.
Pour amorcer des échanges avec les enfants
Nous vous proposons des supports imagés qui permettront de revenir sur le récit, de comparer les diverses compréhensions et d’éclairer ce qui a pu sembler complexe.
• Un enfant Dalton : à quels personnages renvoient-ils ? personnes ou personnages ?
• Un canoë : cet objet est-il présent dans l’histoire, Quel est son rôle ?
• L’étoile du shérif : qui pourrait la porter ? Où la trouve-t-on généralement ? Cette aventure peut-elle donner l’ambiance du far west ?
• Une cuillère : à qui appartient cet objet ? A-t-il valeur de preuve ? De quoi ?
• 1962 : Peut-on identifier les passages historiques ? fantastiques ? inventés ? Comment sont-ils articulés entre eux ?