Trafic à la fosse aux griffes

Trafic à la fosse aux griffes
Auteure

Véronique Cauchy

Illustratrice

Lisa Blumen

Editeur

Kilowatt – coll Enquêtes graphiques – 2017

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Brouillé avec Cemil, Benjamin s’ennuie pendant les vacances. Mais quand il découvre d’étranges allées et venues près de la maison de son nouveau voisin, il court demander de l’aide à son meilleur ami. Réconciliés, les deux détectives en herbe vont mener l’enquête. Cages, cris, plumes, pots de glu…, les indices s’accumulent : un odieux trafic se trame dans ce petit coin de Normandie.

Mots-clés : amitié

Présentation de l’éditeur

C’est les vacances et Benjamin s’ennuie seul chez lui. Il s’est brouillé avec son ami Cémil. Mais un nouveau voisin au comportement étrange et de mystérieuses visites vont rapidement changer le cours de ses mornes journées. Benjamin décide alors d’aller se réconcilier avec Cémil et lui demander de l’aide. Ensemble, les deux garçons vont mener l’enquête et découvrir un mystérieux trafic d’oiseaux.

Notre avis

Présenté dans la collection « Enquête graphique », cet ouvrage n’est ni une bande dessinée ni un album illustré. Il n’y a ni bulles, ni organisation classique de BD. C’est un roman graphique largement illustré avec des images qui prennent soit la page entière soit la demi-page, ce qui facilitera la lecture pour les lecteurs encore hésitants.

L’enquête annoncée est bien présente et se déroule au fil du texte donnant un intérêt certain à l’avancement de la lecture. L’aventure est bien construite et l’amitié des deux enfants y est importante ainsi que le thème écologique sous-jacent.

Le narrateur est le personnage principal, Benjamin, un enfant laissé seul chez lui durant les vacances de Pâques. Il s’ennuie car il s’est fâché avec son ami Cémil et ne trouve que sa console de jeux vidéo pour s’occuper. Ces vacances sont « les pires de sa vie ».
Alors, quand il y a un peu d’agitation qui arrive près de chez lui, cela l’intrigue au point qu’il va se poster derrière la fenêtre pour observer les mouvements de la rue. Il y a d’abord l’arrivée d’un livreur étrange, suivie d’un inconnu qui rôde, puis d’un camion de déménagement, le tout semblant s’orienter vers une maison isolée dans la forêt. L’ambiance est posée, le cadre est inquiétant, il faut enquêter ! C’est un beau lancement du mystère qui va créer chez les lecteurs une identification possible en même temps qu’une admiration pour ce jeune qui va s’aventurer dans une situation délicate.
Les actions vont ensuite s’enchaîner et dynamisent bien le récit : allers et venues d’étrangers au quartier, transport de boîtes, personnages inquiétants. La tension monte et Benjamin ne peut plus rester seul. Il va alors trouver son ami Cémil en faisant fi de leur brouille. Il a besoin d’être rassuré. Et l’histoire repart avec les deux amis devenus enquêteurs et observateurs. La tension monte d’un nouveau cran : cris, panique, fuite, découvertes suspectes…
Heureusement, le père de Cémil est gendarme et va aider les enfants à résoudre cette énigme.

La construction de l’histoire est parfaite, avec suffisamment de rebondissements pour que le lecteur ne s’ennuie pas, une montée en tension progressive et une fin sereine avec une intervention judicieuse des adultes.
La situation a permis aux deux amis de se réconcilier et a montré qu’à deux, on était plus forts.
Le fond de l’histoire, dévoilé à la fin du récit, est un trafic d’oiseaux protégés. C’est l’occasion d’un couplet sur la biodiversité indispensable avec des données scientifiques glissées dans deux pages documentaires qui clôturent le livre.
L’histoire est facile à comprendre et tout à fait plausible dans les temps actuels. C’est un thème original qui sensibilisera les enfants sous une forme ludique.

Les illustrations ne séduiront pas tout le monde mais seront facilement lisibles par les enfants. Les tracés sont parfois un peu simples, en dégradés pastel. Seul le rouge vient les animer en appuyant sur certains détails : la console, les lunettes, les tenues de pluie…
Les ambiances jouent sur des couleurs froides, angoissantes (la pluie, la forêt, la nuit) et sur les visages, tout en rondeur pour les enfants, tout en longueur pour les méchants. Les attitudes sont aussi bien rendues pour accentuer les comportements : regards en arrière, capuches baissées, pas rapides.

Les pages de garde ouvrent et ferment le livre sur tous les objets de cette histoire : console, jumelles, lunettes, képi, bottes, cages boîtes, lampe-torche…. Une manière d’entraîner les enfants dans l’univers qu’ils vont découvrir au début de la lecture et d’y revenir verbalement, à la fin, en recherchant dans quelle situation ces objets ont servi. Cela sera sûrement apprécié des enfants.

L’ensemble texte-image donne une bonne cohésion à l’histoire. Les lecteurs pourront revenir sur les images après avoir lu le texte ou anticiper par l’image ce qui va se dérouler. C’est une bonne articulation qui pourra aider les enfants les plus hésitants dans leur lecture.

Pour aller plus loin

Il faudra suivre cette collection qui pourrait nous donner de belles découvertes, différentes des romans classiques.
Véronique Cauchy a déjà écrit de nombreux ouvrages jeunesse que vous pouvez retrouver sur son blog. Elle nous a gentiment accord une interview que nous avons publiée sur notre site.

D’autres petits policiers comme Les doigts rouges de Marc Villard aux Editions Mini Syros ou La villa d’en face de Boileau-Narcejac et Annie-Claude Martin aux Editions Bayard Poche ont un point de départ identique à celui-ci : une observation faite par des enfants devant chez eux qui les emmène vers une enquête.
Un album policier illustré est présenté également sur notre site : Le cirque Amicus de Eric Senabre chez Didier Jeunesse qui se déroule dans un autre contexte historique, celui du début du 20ème siècle.

Mise en ligne – Décembre 2021