Le merveilleux DODU-VELU-PETIT

Le merveilleux DODU-VELU-PETIT
Auteur-Illustratrice

Béatrice ALEMAGNA

Editeur

Albin Michel Jeunesse – 2014

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Un matin à son réveil, Eddie entend sa sœur prononcer ces mots étranges : « anniversaire-maman-cadeau-dodu-velu-petit ».
Craignant que sa sœur ne le trouve avant elle, Eddie part sans attendre à la recherche du dodu-velu-petit. Mais par où commencer ? Et si elle allait demander aux commerçants du quartier s’ils n’auraient pas en stock un peu de cette chose mystérieuse ? Mais pas plus le boulanger que la fleuriste, la mercière que l’antiquaire n’en a entendu parler. En revanche, tous sont de vrais amis (ou presque !) et chacun donne à Eddie un petit quelque-chose qui n’a l’air de rien mais qui pourrait bien l’aider à ramener à la maison le merveilleux dodu-velu-petit…

Mots-clés : randonnée, famille, émotions

Des activités ludiques sont proposées pour cet album dans l’onglet « Pédagogues ». 

 

 

Approche générale

Voici un bel album frais et simple qui dégage beaucoup de tendresse. La recherche d’un objet merveilleux qui soit doux, petit mais aussi dodu pour faire plaisir à sa maman est un point de départ original gage d’une bonne dose d’affection. Les rencontres d’Eddie avec les commerçants du quartier attentifs, aidants, le plus souvent bienveillants, apportent une bonne énergie à la quête de l’enfant malgré la présence d’un boucher peu coopératif.
La trouvaille de l’objet, surtout, est un moment délicieux. Une chose improbable, « la créature», devient un trésor d’imagination et de sensibilité. Les obstacles pour conserver ce trésor lui donne encore plus de valeur. La réaction de la maman, totalement participative à la quête de l’enfant, ne fait que confirmer l’importance de la quête.

L’histoire

L’auteur/illustrateur de l’album, Béatrice Alemagna, indique que cet album lui a demandé six années de réflexion et deux ans de travail assidu. Son inspiration vient de Fifi Brindacier notamment d’un épisode qui montre Fifi Brindacier entrant dans une boutique pleine d’objets fascinants.
La construction du récit en tant que telle reste assez classique. L’héroïne, Eddy, part en quête d’un cadeau pour sa maman. Elle chemine dans son quartier et s’arrête dans différents magasins. A chaque rencontre elle accumule des éléments qui vont lui servir ensuite à dénouer son histoire. On notera que les éléments collectés sont des objets simples propres à chaque commerce. Leur utilisation successive pour résoudre le problème de départ ne suit pas la logique chronologique de leur accumulation.
Dès le début du récit le mystère est entretenu sur l’objet que convoite Eddy. Le lecteur est amené à s’interroger tant au niveau de sa dénomination que de sa représentation. Le titre de l’album évoque le « dodu-velu-petit » mais les commerçants parlent d’un « dodu-velu » ou encore un «doudoune-velue» voire un « touffu-velu ». Le boucher qui ne veut rien savoir évoque lui un « dodu-comment ».
La rencontre entre Eddie et l’objet est magique. De la même couleur que sa doudoune, l’objet lui ressemble. Tout de suite Eddie imagine les possibilités qu’il offre. L’objet merveilleux, le cadeau pour maman, devient « mon cadeau aux mille usages » ! Cette vision de l’objet voire de la créature donne envie de détourner d’autres éléments du quotidien pour en faire des cadeaux.
Le cheminement d’Eddie dans les rues de son quartier nous fait penser à Madlenka de Peter
Sis qui part en quête des légendes du monde dans son quartier new-yorkais. Ici le quartier reflète davantage l’ambiance d’une petite ville de province. La vision des commerces est un peu datée.

Les illustrations

On remarquera dès la première de couverture la couleur rose fluo qui caractérisent Eddy et son objet, le Dodu-Velu-Petit. Le couleur rose peut déranger dans la mesure où elle est souvent associée au genre féminin. Ici il s’agit d’une mise en avant, d’une tâche, d’un repérage flashy du personnage dans un univers plutôt désuet des années 60. En effet le style de Béatrice Allemagna fait penser aux illustrations de Miroslav Sasek dans des tons assez sombres. Dans ce contexte le fluo passe au premier plan et fixe le regard. La double page de la déambulation dans le quartier est symptomatique de ce travail de fixation. Chaque collage du buste de la petite fille ressemble à un point lumineux.
L’illustration est remarquable tant elle apporte une vie, un mouvement au récit. La variété des points de vue, des cadrages, des mises en page donnent à lire quantité de détails. Eddy, représentée à chaque page, offre des postures et des mimiques de toutes sortes qui permettent de partager ses émotions. Certaines pages méritent qu’on s’y arrête pour le seul plaisir de regarder ou pour dire l’histoire dans la mesure où l’image est parfois plus explicite que les mots.
La triple page réservée à la scène du boucher est assez déroutante. Pourquoi l’auteur nous offre-t-elle ici un montré/caché ? La question reste entière. Le boucher est un personnage peu sympathique mais un boucher est rarement aidant. Quentin, l’éboueur, est encore moins sympathique. Il n’éprouve aucune compassion pour Eddie et n’est intéressé que par le troc.

Pour accompagner les enfants dans leur lecture.

• On peut penser que les enfants ne connaîtront peut-être pas les commerces de proximité que côtoie Eddie, surtout la mercerie, le magasin d’antiquités voire la boucherie.
• La vue d’ensemble du quartier est une mise en scène qui présente le cheminement de la petite fille mais qui ne correspond pas du tout à une reconstitution géographique des rencontres.
• Il sera intéressant de vérifier avec les enfants que tous les objets amassés servent finalement.

Pour en savoir plus

Le site picturebookmakers vous en dira plus sur le travail de Béatrice Alemagna :
http://blog.picturebookmakers.com/post/118767818346/beatrice-alemagna
Vous trouverez sur ce lien le teaser de l’album mis en ligne par les éditions Albin Michel ainsi que différentes photos attestant du travail de recherche de l’illustratrice.