Capitaine Rosalie

Capitaine Rosalie
Auteur

Timothée de Fombelle

Illustratrice

Isabelle Arsenault

Editeur

Gallimard Jeunesse – 2018

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Hiver 1917. Une petite fille courageuse traverse la guerre avec une idée fixe. Elle recherche la vérité et rien ne pourra l’arrêter…Rosalie a cinq ans et demi. Son père est au front et sa mère travaille à l’usine. Alors, même si elle n’a pas encore l’âge, Rosalie passe ses journées à l’école, dans la classe des grands. On croit qu’elle rêve et dessine en attendant le soir. Mais Rosalie s’est fabriqué une mission, comme celles des véritables soldats. Elle est capitaine et elle a un plan.

Mots clés : guerredeuil, lecture-écriture

Présentation

Un récit original qui se déroule pendant la première guerre mondiale et qui met en scène une petite fille volontaire, désireuse de connaître la vérité, même quand il s’agit de la guerre.

Analyse

L’histoire de Rosalie a été éditée en 2014 en tant que nouvelle dans un livre de mémoires. On peut donc penser que ce récit a été conçu dans le cadre des commémorations du centenaire de la guerre 14-18. Il est bien écrit, avec beaucoup de sensibilité. L’histoire, à la fois douce et triste, permet d’accompagner le lecteur vers le drame sans le choquer, juste par la nécessité de savoir. L’écriture en « je » favorise l’identification au personnage. Le lecteur vit la guerre au travers du regard de l’héroïne, âgée de cinq ans mais très mûre.
Rosalie a en effet un caractère bien trempé. Le début du récit : « j’ai un secret… Je suis un soldat en mission », montre d’emblée sa volonté de s’affirmer malgré son jeune âge. Ses réflexions, ses interprétations (« Je n’aime pas les histoires », « c’est la seule chose qui a l’air vraie »…) indiquent sa vivacité d’esprit. Rosalie se montre discrète mais elle camoufle ses connaissances et ses intentions. Elle sait très bien qu’il y a la guerre. Elle la vit d’ailleurs pleinement dans sa classe.
En effet, l’école est son terrain de bataille. C’est là qu’elle doit apprendre pour savoir. Le lexique spécifique de l’armée qu’elle emploie pour décrire les situations scolaires montre à quel point elle est investie dans sa tâche : « elle est à son poste, Edgar est son lieutenant, elle prend la patrouille des élèves à revers… » Rosalie est un vrai capitaine et elle assume ses fonctions à l’insu de tous. Ce champ lexical fait néanmoins planer un certain doute dans l’esprit du lecteur sur la nature de cette « mission », ce qui renforce l’envie d’en savoir plus.
L’école correspond également à l’univers intermédiaire entre son père et sa mère. Rosalie n’a pas de souvenir d’avant guerre, elle était trop petite. Sa mère, croyant adoucir la situation, cherche à construire des perspectives, des relations imaginées avec un papa doux et tendre. Mais Rosalie repousse toutes les propositions car c’est la vérité qu’elle désire. Le contexte de la guerre permet de comprendre les intentions de la maman mais le secret de famille est insupportable. C’est à l’école qu’elle va apprendre à lire (« Tout s’éclaire, pour la première fois »). La lecture est la clé pour comprendre ce qui la tourmente et pour connaître la vérité.
Les relations humaines entre Rosalie et sa mère sont fortes et complexes. Rosalie aime retrouver sa maman le soir, elle aime ses yeux fatigués mais elle n’aime pas la suivre pour avoir des nouvelles de son père. Elle aime se blottir contre elle mais elle n’aime pas l’écouter lors des lectures. Rosalie n’a vu que trois fois son père en permission, elle n’a gardé en souvenir que des contacts et des dessins. Son père parlait peu, elle le sait. La journée de neige qui oblige la mère et sa fille à rester confinées dans la maison aurait pu être une journée parfaite illustrée d’ « histoires vraies » si elle n’avait pas été suivie de l’arrivée du gendarme et de l’annonce dramatique. La scène finale, très sobre, marque l’intimité de la relation avec beaucoup de pudeur. Rosalie aime le visage « des jours fragiles » de sa maman. La mère fait confiance à sa fille en lui tendant directement le courrier qui lui est adressé.
Les illustrations dans des tons gris /noirs laissent transparaître la noirceur de l’époque et de la situation. Elles sont rehaussées par la couleur feu de la chevelure de Rosalie qui devient le point de focalisation dans toutes les pages sur lesquelles elle est représentée.