Les choses qui s’en vont
Auteure-Illustratrice | Béatrice Alemagna |
---|---|
Editeur | Hélium – 2020 |
Dans la vie,
Beaucoup de choses s’en vont.
Elles se transforment,
Elles passent.
Toutes, sauf une.
Mots-clés : amour
Présentation de l’éditeur
Avec une inventivité graphique sans cesse renouvelée et des illustrations tantôt tendres, tantôt drôles, toujours intrigantes, Beatrice Alemagna évoque tous ces mouvements de l’existence auxquels est confronté un enfant qui grandit, et qui disparaissent, parfois pour toujours. À chaque page, on soulève un calque et une transformation s’opère sur l’image pour mettre en évidence ces « choses » qui s’évanouissent. Ces états éphémères, finalement, nous parlent en réalité d’une chose immuable, solide et perpétuelle : l’amour d’un parent pour son enfant.
Un livre d’artiste pour tous où les images se transforment en tournant des pages de calque et qui illustre, avec une grande sensibilité, les mouvements de la vie.
Notre approche
Les choses qui s’en vont ne raconte pas un récit mais se présente plutôt comme une espèce d’imagier, un imagier de situations du quotidien des enfants. Chaque double page (séparée par un calque) se prête au regard, à l’observation, sans avoir hâte de tourner la page.
Les illustrations aux tons doux réhaussées par quelques touches vives donnent à découvrir chaque scène tranquillement, au rythme de chacun. Les textes sont minimalistes, souvent composés uniquement d’un sujet et d’un verbe. Le calque sépare les pages et agit pour transformer les images. Mais c’est aussi un objet en soi par sa matière et ses graphismes.
Cet album est vraiment original, par sa forme et par son contenu. Avec beaucoup de délicatesse Béatrice Alemagna propose un espace tendre et rassurant pour imaginer, s’étonner, parler, se taire…. Et partager des émotions !
Nos commentaires
Le livre est facilement accessible aux très jeunes enfants. En effet même si les « tout-petits » peuvent se projeter à l’échelle de leur vécu (« dans plusieurs dodos ») et évoquer quelques souvenirs par touches (en regardant des photos par exemple), ils ne sont pas encore capables d’appréhender le temps dans sa continuité. Or ici il s’agit juste d’identifier un avant et un après, un présent et un futur. Cet exercice est tout à fait adapté aux compétences de très jeunes lecteurs.
Le réalisme des situations n’apporte pas une explication de la vie mais plutôt l’idée d’une évolution, d’un changement au fil du temps, au fil des pages. Les scènes proposées font état d’une situation initiale plus ou moins grave et de sa transformation, toujours positive, soit parce que les choses s’arrangent, soit parce qu’elles bougent joliment, gentiment. Ainsi la blessure disparaît, les idées noires s’évanouissent, les larmes sèchent… Et les bulles s’envolent, les feuilles tombent comme les cheveux ou comme les dents… La variété des contextes ouvre à l’imaginaire et donne envie d’en inventer bien d’autres !
Chaque scène suscite des émotions plus ou moins fortes, plus ou moins agréables. Il est question de peur et d’angoisse pour l’endormissement ou la présence de poux. Les bulles qui s’envolent ou l’évaporation de la fumée de la tasse ne procure aucune crainte mais plutôt un étonnement, peut-être un émerveillement. Les cheveux qui tombent pour se transformer en moustache suggèrent davantage le rire, la joie. Les jeunes enfants connaissent toutes ces émotions sans savoir encore les identifier et les nommer. Ils pourront facilement les vivre au travers des personnages présents à chaque page, assez réalistes pour être reconnus mais aussi assez neutres dans leur expressivité pour être investis par le lecteur.
Il y a très peu de textes pour chaque double page. […]« Le sommeil part toujours », « Une petite blessure s’en va (presque) sans laisser de trace », « La musique s’envole », « Les bulles de savon aussi », « Un jour, les poux (heureusement) s’en vont pour de bon », « Les idées noires s’évanouissent », « Tout comme sèchent les larmes », « La fumée de la tasse s’évapore », « Ou le mauvais temps », « Et aussi, la peur ». […]. Les phrases courtes et simples sont faciles à comprendre.
Le texte respecte l’animisme enfantin c’est-à-dire la croyance en une force vitale qui anime tout ce qui l’entoure. Les enfants croiront sans difficulté à la volonté du sommeil de partir ou à un envol effectif de la musique. Le choix lexical est tout à fait judicieux. Certains mots (un verbe, une coordination…) passent d’une page à l’autre, permettant des rebonds, des liens. L’écriture est rythmée et apporte une musicalité aux illustrations. La chute, même prévisible, n’est pas nommée. C’est la jolie touche finale.
Pour accompagner la lecture
- Cet album est une commande du département du Val de Marne pour promouvoir la littérature de jeunesse. Le conseil départemental a offert ce livre à chaque nouveau né du département en 2020.
Une vidéo présente le projet et une interview de Béatrice Alemagna. - Béatrice Alemagna lit son texte sur une animation des illustrations de son album.
- La chronique filmée du cahier de lecture de Nathan pour Ricochet, Feuille de chêne, propose une analyse tout à fait intéressante de l’album.
- – Nous ne saurions trop vous proposer de lire ou relire les albums de Béatrice Alemagna que nous avons déjà sélectionnés Le merveilleux DOCU-VELU-PETIT et Un grand jour de rien.