Même pas en rêve

Même pas en rêve
Auteure-Illustratrice

Béatrice Alemagna

Editeur

Ecole des loisirs-2021

Aujourd’hui commence mal : Pascaline la petite chauve-souris a 3 ans, et doit rentrer en classe, comme tout le monde. Mais elle refuse, résiste et crie si fort… que ses parents rétrécissent, et deviennent riquiquis comme des cacahuètes. Maintenant c’est leur tour d’aller à l’école. Pascaline les glisse sous son aile. On va bien rigoler. Mais que se passera-t-il à l’heure des parents ?

Mots-clés : initiation, relation adultes-enfants, école-collège

Présentation

Qu’elle est mignonne cette petite créature rose, avachie sur une branche d’arbre, cartable au dos, avec sa petite bouille coquine et son regard croisé ! Il s’agit de Pascaline, une petite chauve-souris qui doit aller à l’école. Mais elle n’en a pas du tout envie, même pas en rêve !

Alors elle boude, elle trépigne, hurle même son désaccord. La violence de son refus est telle qu’elle réduit ses deux parents en deux minuscules doudous qui vont accompagner l’enfant tout au long de la première journée de classe.

Pascaline s’occupe d’eux, les cache, leur parle, les dispute quand ils perturbent la classe. C’est une lourde charge. Heureusement quand vient la fin de l’école les deux parents reprennent leur taille normale. Accompagneront-ils leur petite fille pour la prochaine journée de classe ? Pascaline ne le souhaite pas, même pas en rêve.

Un récit frais et tendre sur le passage difficile de la famille à l’école. Béatrice Alemagna manie l’illustration et le texte avec toujours autant de brio. Elle crée une petite héroïne adorable, à hauteur d’enfant, valorisée par sa couleur flaschy, ses postures expressives et son langage récurrent. Elle raconte avec humour une histoire toute simple qu’elle enrichit en suggérant de nombreuses sensations connues de tous. Il nous semble que cet album sera apprécié non seulement par les tout petits mais aussi par les plus grands qui pourront se souvenir avec amusement de leur premier jour leur premier jour.

Notre analyse

Première journée d’école

Aller à l’école est une étape dans la vie des enfants, notamment pour les tout petits qui n’ont aucune expérience de la vie collective. Les parents peuvent dire ce qu’ils veulent, rien n’y fait.
C’est le cas pour les parents de Pascaline qui tentent de rassurer leur fille en lui montrant l’intérêt d’apprendre et de se faire des amis… Sans succès. Pascaline est toute jolie avec ses petites ailes rose fluo et ses oreilles assorties mais elle a du caractère, elle ne veut rien entendre. Elle fait une énorme colère avant le jour J, comme si elle anticipait l’angoisse de la première séparation.

Il faut dire que la rentrée dans la classe des chauves-souris est assez traumatisante. Tous les petits pleurent. On se réjouira à observer les doubles-pages qui présentent les petits en plein désarroi, tristes, effondrés, en larmes. Béatrice Alemagna a certainement beaucoup de plaisir à dessiner ces mammifères volants. Quelques traits de crayons et quelques zones colorées lui suffisent pour représenter les personnages dans des postures drôlissimes avec des expressions remarquables.

Heureusement le reste de la journée se passe plus calmement. Le temps de la chanson permet un regroupement rassurant. L’heure de voler est un temps de récréation et de plaisir. La cantine est vécue différemment, certains chahutent, d’autres s’endorment, certains mangent avec appétit quand d’autres poussent leur assiette avec dégoût. Pas besoin de lit ou de couverture pour faire la sieste. Les élèves se laissent pendre à une branche et s’enroulent dans leurs ailes.

Pascaline sort du lot. Avec ses deux parents dans la poche, elle est rassurée, même souriante, lors de la rentrée des classes. Mais, préoccupée par la présence de ses parents, elle n’arrive pas à se détendre pendant la journée. Et quand vient l’heure de rentrer à la maison tous les enfants sont souriants. Seule Pascaline est perdue ne voyant pas ses parents venir la chercher.
Cette première journée reflète bien le panel d’émotions de jeunes enfants. Ancrée dans sa perception enfantine Pascaline vit un peu les choses à l’envers (en bonne chauve-souris !! ((- 😉 Rassurée par la présence intrinsèque des parents toute la journée elle craint de ne pas les retrouver le soir alors qu’ils ne l’ont pas quittée. Cependant Pascaline a vu ce qu’était une journée de classe, elle a acquis assez d’assurance pour souhaiter revenir à l’école, seule.

Le poids des parents

Pas facile de porter ses parents toute la journée !

Pascaline est heureuse de pouvoir emmener son papa et sa maman avec elle à l’école mais qu’est-ce qu’ils sont encombrants ! Ils se tiennent mal, interviennent à mauvais escient. Pascaline doit les sermonner, leur faire la leçon. Est-ce parce qu’elle a envie de se reposer et en est empêchée ou est-ce parce qu’elle est obligée de porter ses parents à bout de bras, la sieste est le moment pendant lequel elle prend vraiment conscience du poids des siens (« C’est fou, mais même aussi petits que deux cacahuètes, ils lui semblent peser des tonnes »).

L’ambivalence de la fonction des parents est ici traitée avec beaucoup de finesse. Les parents sont gentils quand ils tentent de convaincre Pascaline d’aller à l’école. Ils sont charmants rétrécis, cachés sous l’aile de leur petite fille. Ils se veulent aidants. Mais ils induisent quantité de contraintes et d’adaptations qui gênent Pascaline pour goûter pleinement aux plaisirs de la classe. Elle ne peut pas voler parce qu’ils ont peur d’avoir le vertige, elle ne peut pas dormir parce qu’il faut les bercer, elle se fait disputer parce qu’ils chantent avec les enfants. Non seulement ils l’empêchent de profiter mais ils placent leur fille en porte-à-faux par rapport à la nouvelle autorité représentée par la maîtresse.

Le retour à l’ordre des choses c’est-à-dire à la taille normale des parents est une libération pour Pascaline qui peut enfin reprendre sa posture d’enfant protégé et volontaire. Ses parents sont indispensables, mais pas tout le temps.

Le « Non, mais ! » de la dernière double page ouvre sur toutes sortes de perspectives en écho au « Même pas en rêve ». C’est une fin ouverte tout à fait réjouissante.

Prolongement

Sans aucun doute la couleur rose fluo est une marque de reconnaissance de Béatrice Alemagna. Nous l’avons découverte lors d’un premier coup de cœur en 2014, Le merveilleux DODU-VELU-PETIT, un album que nous avions décliné en quelques activités ludiques. En 2016 nous avons également eu un coup de cœur pour Un grand jour de rien. C’est un imagier qui a retenu notre attention en 2020, Les choses s’en vont.

Le Merveilleux Dodu-velu-petit - cartonné - Béatrice Alemagna - Achat Livre | fnac Un grand jour de rien Les Choses qui s'en vont - cartonné - Béatrice Alemagna, Philippe Bretelle - Achat Livre | fnac

Le personnage de la chauve-souris est développé dans un album savoureux  du duo Jeanne Willis et Tony Ross propose  Tête en l’air, un album paru en 2006 présenté sur le site Ricochet.

Nous ne saurions trop vous recommander également la randonnée C’est l’histoire d’un éléphant qui montre à quel point les petits animaux (souris ou chauve-souris) ont l’art d’agacer les plus gros.

Tête en l'air C'est l'histoire d'un éléphant...

 

Mise en ligne – mai 2022