Mission capitale #Londres
Auteur | Beka |
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Editeur | Rageot 2018 – réédition 2023 |
Dans un pub de Londres, Naïs et Jules remarquent un jeune qui semble se cacher sous la capuche de son sweat. Soudain il prend la fuite, après leur avoir confié une clé USB ! Une minute plus tard, Jules reçoit un sms incroyable…
Mots-clés : fratrie, informatique, mystère
Présentation générale
Voici une enquête palpitante au cœur de Londres, menée par un frère et une sœur que rien n’arrête. C’est aussi une réflexion sur le monde « connecté », sur ses intérêts mais aussi ses dangers. Naïs, douze ans, et son frère Jules, quatorze ans, passionné de jeux vidéo, accompagnent leur mère à Londres pendant les vacances scolaires. Celle-ci est chercheuse en bio technologie et doit se rendre à un congrès au Natural History Museum. Les deux enfants vont en profiter pour visiter la capitale…Sauf que leurs projets touristiques vont se voir fort contrariés quand, dans un pub, un jeune inconnu à capuche, poursuivi par deux colosses patibulaires, leur demande avant de s’enfuir de récupérer la clé USB qu’il a laissée sur une banquette…Là commencent l’aventure et le mystère ! Qui est ce jeune homme ? Que contient de si important la clé USB qu’il a confiée aux deux enfants et qu’il tente de récupérer lors de rendez-vous manqués, menacé qu’il est à chaque fois par de mystérieux personnages ? Aux deux-tiers du roman, après de multiples péripéties passionnantes, Naïs et Jules vont apprendre ce qu’il en est : Ghost (c’est son pseudo sur le Net) est un jeune Ukrainien de dix-neuf ans, surdoué en informatique, qui rêvait de vivre en France pour devenir développeur de jeux vidéo. Il n’en a rien été. Repéré par un entrepreneur anglais, patron de PsyAnalytics, il s’est retrouvé à Londres, embauché pour écrire le seul programme capable d’activer vingt millions de « bots » Quand il a compris que le but de l’entreprise était de les vendre ensuite aux plus offrants à des fins criminelles, il a décidé de détruire le programme après l’avoir sauvegardé sur sa clé USB et de prendre la fuite. Impossible pour lui à dix-sept ans et en situation illégale en Grande-Bretagne de prévenir la police…Les deux colosses qui le poursuivent sont à la solde du patron de PsyAnalytics et ne lui feront pas de cadeau…Naïs et Jules décident d’aider Ghost et de le protéger. S’ensuit à la fin du livre une course-poursuite haletante qui les mène jusque dans la salle des dinosaures du Natural History Museum où ils se retrouvent traqués, pris en étau dans un cul de sac, obligés de rendre la clé USB au chef de PsyAnalytics qui a le regard froid et est complètement dénué de toute empathie !
Ce n’est pas la fin de l’histoire…Parce que cette aventure se terminera finalement bien grâce à un subterfuge de Jules, et le jeune Ukrainien verra ses anciens rêves enfin réalisables…Mais nous ne voulons pas tout révéler, laissons de la place au très bon suspens de cette enquête !
Nos commentaires
Une chouette promenade dans Londres : Dans la famille Granger, demandez la fille, Naïs, douze ans donc, qui lit tous les guides touristiques avant de partir, en parfaite organisatrice de voyages ! Ajoutons à sa programmation les aléas des rendez-vous avec Ghost et la ville n’aura plus de secrets pour le jeune lecteur : Buckingham palace, la station de métro de King’s Cross en hommage à Harry Potter, Carnabystreet, le British Museum, Westminster, Big Ben, la City, le Parlement, la Tamise, le magasin Harrods, St James park et ses fameux écureuils, Camden Town, Baker street et la maison-musée dédiée à Sherlock Holmes, les pubs, le Natural History Museum, Jack l’Eventreur…De courtes notes donnent parfois des explications en bas de page, le livre ouvre sur un petit plan de Londres. On apprend même ce que sont les « free hugs », ces câlins gratuits offerts dans une station de métro, et qui auront d’ailleurs toute leur importance dans la résolution de l’enquête ! On prend vraiment plaisir à déambuler ainsi dans la capitale avec les deux enfants…Une manière d’apprendre des choses tout en étant impliqué dans une aventure trépidante !
Une leçon d’informatique très pédagogique…mais très vivante : Qui n’avait aucune idée de ce que sont les « bots », de la manière dont ils sont inventés, programmés et utilisés, des dangers qu’ils représentent éventuellement, apprendront beaucoup de choses en lisant ce roman.
La leçon est claire et Jules, fan de jeux vidéo et très branché sur les réseaux sociaux n’en revient pas, il hallucine quand il apprend tout ça : Il comprend qu’il faut faire attention à ce que l’on publie sur le net, mieux lire les politiques de confidentialité. Il prend la mesure de tout ce qui nous échappe quand nous surfons sur le net et de la prudence qu’il faut garder en tête. Plus question de faire n’importe quoi sans réfléchir…Et attention aux « fake news ». Mais le roman sait aussi mettre en avant ce qu’internet permet, par exemple le plaisir des jeux vidéo partagés entre Jules et Ghost, le lien qu’ils tissent au travers d’un « chat », la destruction des fameux bots en les réveillant pour quelque chose d’inoffensif…Il ne s’agit pas de tout condamner mais de davantage réfléchir. Jules ainsi décide de moins utiliser les messages sur les réseaux sociaux, d’être plus prudent. Il faut savoir peser les avantages et les risques. De plus, Naïs le fait remarquer à son frère : Pour une fois, il t’arrive une aventure dans la vraie vie ! et ça vaut quand même tous les jeux vidéo… Ghost, lui, saura trouver sa voie dans l’avenir en se formant et en utilisant ses grandes compétences en informatique d’une manière intéressante.
Une relation familiale originale et romanesque : La relation entre Naïs et Jules est très sympathique. Ils sont complices, ils sont aussi complémentaires : Naïs organise tout, pense à tout, paraît plus mûre et plus réfléchie que son frère bien qu’elle soit plus jeune ; mais c’est lui par exemple qui dans l’Eurostar va lui donner le bracelet auquel elle tient tant et qu’elle a oublié, ce bracelet fétiche qu’elle tient de son père. Car il y a les parents aussi…Et leur présence dans le roman est assez atypique : Le père est décédé, il était journaliste et a trouvé la mort lors d’une de ses missions. Naïs veut devenir grand reporter comme lui, il lui a transmis son goût des voyages. Quand elle doit agir, elle se demande ce que son père aurait fait ; lorsqu’elle a peur elle pense à lui, à son courage, et elle reprend pied. A la fin du livre, Naïs a conscience d’avoir mis ses pas dans ceux de son père et elle en est fière.C’est une belle histoire de transmission et de deuil accompli.
La mère, elle, est donc chercheuse et à mille lieux de gérer les détails du quotidien : c’est une rêveuse, elle « plane ». Sa fille la prend en charge quand il s’agit d’organiser quelque chose. Elle laisse ses enfants complètement libres et autonomes dans Londres, en totale confiance, ne se rend pas du tout compte qu’ils vivent quelque chose de dangereux, elle est complètement concentrée sur son colloque…Vous auriez vraiment dû me parler de tout ça avant, les enfants, dit-elle encore sous le choc. Vous avez couru de grands risques, sans que personne soit au courant ! C’est assez drôle…
Mais c’est grâce à elle cependant que Ghost à la fin du livre va pouvoir réorganiser sa vie de manière sérieuse.
D’autres personnages nourrissent le livre et le rendent passionnant. Ghost, bien sûr. Mais aussi Helena, la propriétaire « taxidermiste gothique » qui leur loue des chambres à Londres dans sa maison pleine d’animaux naturalisés : inquiétante au premier contact, elle va s’avérer très gentille. A l’inverse on a son ami Graham, chez qui elle envoie les enfants quand ils ont besoin d’explications informatiques ; elle le croit serviable, il semble l’être au début mais on finit par comprendre qu’il a trahi les enfants et qu’il cherche à se faire de l’argent en les livrant au dangereux patron de PsyAnalytics…Une petite leçon en passant : ne pas forcément se laisser avoir par la gentillesse de quelqu’un, tous les adultes ne sont pas forcément bienfaisants…Il y a aussi bien sûr les deux colosses inquiétants à la poursuite de Ghost. Ces sombres personnages se retrouvent concentrés à la fin du roman dans une course poursuite haletante et pleine de suspens.
En conclusion, Mission capitale#Londres est un très bon roman. Dynamique, bien mené, on le lit d’une traite et avec beaucoup de plaisir, même en tant qu’adulte. Le thème qui tourne autour des réseaux sociaux et de leurs dangers éventuels fera forcément écho aux oreilles des jeunes lecteurs. Tout cela est très bien ficelé autour d’une enquête, d’une aventure pleine de mystères et de rebondissements. Au terme desquelles, les gentils gagnent et les méchants perdent !
La couverture du livre a été modifiée et celle qui a été choisie en 2023 pour la réédition, une photo plutôt qu’un dessin, nous paraît plus adaptée à l’âge du lectorat visé
A la fin du roman, Naïs évoquait l’enthousiasme, le courage et la ténacité qu’il leur avait fallu pour venir à bout de cette enquête, et elle laissait entrevoir que tout cela pourrait bien avoir une suite :Naïs se rendit compte qu’elle n’avait qu’une hâte. Qu’une autre mission se présente. Et un autre voyage. Et elle aurait juré que son frère laisserait immédiatement tomber ses jeuxvidéo pour l’acompagner dans cette nouvelle aventure. La voilà, pour notre plus grand plaisir, cette autre mission, publiée en 2019 chez Rageot. Cette fois nous visiterons Bruxelles !
A noter que le nom de l’auteur, Beka, cache en fait deux personnes : Bertrand Escaich et Caroline Roque, auteurs de BD et de romans jeunesse.
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